Le squelette de Mont-St-Jean commence à livrer ses secrets
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Le squelette de Mont-St-Jean commence à livrer ses secrets
En juin dernier, le squelette d’un soldat était retrouvé sur le champ de bataille de Waterloo, à proximité du Lion. L’analyse de cette découverte par des spécialistes commence à donner des indications.
Ainsi, l’archéologue Dominique Bosquet peut aujourd’hui préciser que le squelette a été mis à jour à 40 centimètres sous la couche arable, soit à 80 centimètres sous la surface actuelle, au sein d’une couche de colluvions accumulées depuis plus d’un siècle suite à l’exploitation agricole intensive dont la zone fait l’objet depuis la bataille. Ces terres s’étant donc accumulées progressivement au-dessus du corps, ce n’est que progressivement également que celui-ci a été mis hors d’atteinte du soc des charrues, dont l’action répétée pourrait ainsi être responsable d’une partie des manques constatés sur le squelette. Il manque en effet un pied et la main gauche.
Selon l’anthropologue Geneviève Yernaux, l’analyse du bassin permettrait d’estimer l’âge de la victime entre 20 et 29 ans. D’après les dimensions du fémur, cet homme aurait mesuré 161,6 cm et aurait été d’une morphologie assez frêle et légèrement bossu. Certaines de ses dents laissent apparaître une usure témoignant d’une activité particulière et répétitive, telle que l’ouverture avec les dents des cartouches de poudre emballées de papier en usage à l’époque. Il souffrait en outre d’une Spina bifida , malformation congénitale qui aurait normalement dû l’empêcher d’effectuer les déplacements éprouvés tels que ceux opérés par les armées de cette époque et qui aurait surtout dû lui éviter de participer aux combats. Des atteintes arthrosiques ainsi qu’une cyphose de la colonne vertébrale pourraient être dues à la marche et au port d’un équipement assez lourd.
L’anthropologue confirme qu’au moment de sa décomposition, le corps était toujours habillé. En fonction de la position du corps, il est fort probable que l’individu ait été projeté ou basculé en arrière, le cadavre ayant été recouvert, dans l’urgence, in situ. En tous les cas, sans se préoccuper de la position du corps.
Quant aux objets découverts à ses côtés, ils sont toujours l’objet d’analyses au Laboratoire de Restauration de la Direction de l’Archéologie de la Région wallonne. Mais on sait déjà que la balle de plomb, située au milieu des côtes droites, pèse 23 grammes et mesure 16,4 mm de diamètre, calibre qui permet de conclure que le projectile est français et adapté au mousquet de 1777, familièrement appelé « la clarinette à cinq pieds, six pouces ». Les balles anglaises étaient de calibre plus important. Les deux pierres à fusils étaient, semble-t-il, destinées à être montées sur un mousquet de modèle British Land Pattern en service entre 1750 et 1850 dans les armées de Sa Très Grâcieuse Majesté.
Les objets métalliques (une cuillère, une boucle de ceinture et un objet plat, allongé et percé d’un trou) n’ont par contre pu révéler la moindre marque régimentaire.
Une pièce de tissu de 25 cm2 a également été trouvée, collée aux monnaies. Une observation sous binoculaire à divers taux de grossissement a permis d’identifier sur une face une maille assez serrée sur laquelle ont été cousues des perles en verre de couleurs jaunes et vertes. Il s’agit, comme on l’avait imaginé, du vestige de la bourse du soldat. Elle contenait toujours une vingtaine de pièces de monnaie, prouvant s’il le fallait encore que le corps n’avait pas été fouillé. Une autre pièce de tissu a d’ailleurs été trouvée accolée à l’arrière de la colonne vertébrale. Probablement un élément d’uniforme.
Pour les archéologues et anthropologues, il n’est pas sûr, compte tenu du positionnement du corps, à l’écart des combats, que le soldat ait été tué sur place. Il a pu arriver là seul, s’éloignant du front après avoir été touché ou être tiré jusque là, porté par l’un ou l’autre camarade soucieux de le mettre à l’abri.
Cette thèse est d’ailleurs aussi celle de Philippe de Callataÿ. Pour lui, tout semble indiquer que l’homme, après avoir été blessé, s’est dirigé vers l’arrière, puis est tombé à bout de forces. Une kinésithérapeute consultée lui a d’ailleurs fait observer que la position des mains aux hanches est caractéristique des gens qui ont des problèmes respiratoires et cherchent à retrouver leur souffle.
Par contre, selon l’historien, rien ne permet d’affirmer que la victime soit un sujet britannique. Entre les chaussées de Charleroi et de Nivelles, on trouvait, aux côtés de troupes anglaises, des brigades issues de la King German Legion, de l’armée hanovrienne, des Nassauviens, des Brunswickois et même la brigade néerlandaise de Detmers.
Le squelette de Mont-Saint-Jean n’a donc pas encore révélé tous ses secrets. Il intéresse par contre fortement la BBC , National Geographic, Discovery, Channel 4 et Smithsonian Channel qui envisagent de coproduire un long documentaire sur le sujet. Avec des moyens d’investigation à la hauteur de leur réputation, peut-être réussiront-ils de la sorte à reconstituer sa genèse ? Affaire à suivre !
Ainsi, l’archéologue Dominique Bosquet peut aujourd’hui préciser que le squelette a été mis à jour à 40 centimètres sous la couche arable, soit à 80 centimètres sous la surface actuelle, au sein d’une couche de colluvions accumulées depuis plus d’un siècle suite à l’exploitation agricole intensive dont la zone fait l’objet depuis la bataille. Ces terres s’étant donc accumulées progressivement au-dessus du corps, ce n’est que progressivement également que celui-ci a été mis hors d’atteinte du soc des charrues, dont l’action répétée pourrait ainsi être responsable d’une partie des manques constatés sur le squelette. Il manque en effet un pied et la main gauche.
Selon l’anthropologue Geneviève Yernaux, l’analyse du bassin permettrait d’estimer l’âge de la victime entre 20 et 29 ans. D’après les dimensions du fémur, cet homme aurait mesuré 161,6 cm et aurait été d’une morphologie assez frêle et légèrement bossu. Certaines de ses dents laissent apparaître une usure témoignant d’une activité particulière et répétitive, telle que l’ouverture avec les dents des cartouches de poudre emballées de papier en usage à l’époque. Il souffrait en outre d’une Spina bifida , malformation congénitale qui aurait normalement dû l’empêcher d’effectuer les déplacements éprouvés tels que ceux opérés par les armées de cette époque et qui aurait surtout dû lui éviter de participer aux combats. Des atteintes arthrosiques ainsi qu’une cyphose de la colonne vertébrale pourraient être dues à la marche et au port d’un équipement assez lourd.
L’anthropologue confirme qu’au moment de sa décomposition, le corps était toujours habillé. En fonction de la position du corps, il est fort probable que l’individu ait été projeté ou basculé en arrière, le cadavre ayant été recouvert, dans l’urgence, in situ. En tous les cas, sans se préoccuper de la position du corps.
Quant aux objets découverts à ses côtés, ils sont toujours l’objet d’analyses au Laboratoire de Restauration de la Direction de l’Archéologie de la Région wallonne. Mais on sait déjà que la balle de plomb, située au milieu des côtes droites, pèse 23 grammes et mesure 16,4 mm de diamètre, calibre qui permet de conclure que le projectile est français et adapté au mousquet de 1777, familièrement appelé « la clarinette à cinq pieds, six pouces ». Les balles anglaises étaient de calibre plus important. Les deux pierres à fusils étaient, semble-t-il, destinées à être montées sur un mousquet de modèle British Land Pattern en service entre 1750 et 1850 dans les armées de Sa Très Grâcieuse Majesté.
Les objets métalliques (une cuillère, une boucle de ceinture et un objet plat, allongé et percé d’un trou) n’ont par contre pu révéler la moindre marque régimentaire.
Une pièce de tissu de 25 cm2 a également été trouvée, collée aux monnaies. Une observation sous binoculaire à divers taux de grossissement a permis d’identifier sur une face une maille assez serrée sur laquelle ont été cousues des perles en verre de couleurs jaunes et vertes. Il s’agit, comme on l’avait imaginé, du vestige de la bourse du soldat. Elle contenait toujours une vingtaine de pièces de monnaie, prouvant s’il le fallait encore que le corps n’avait pas été fouillé. Une autre pièce de tissu a d’ailleurs été trouvée accolée à l’arrière de la colonne vertébrale. Probablement un élément d’uniforme.
Pour les archéologues et anthropologues, il n’est pas sûr, compte tenu du positionnement du corps, à l’écart des combats, que le soldat ait été tué sur place. Il a pu arriver là seul, s’éloignant du front après avoir été touché ou être tiré jusque là, porté par l’un ou l’autre camarade soucieux de le mettre à l’abri.
Cette thèse est d’ailleurs aussi celle de Philippe de Callataÿ. Pour lui, tout semble indiquer que l’homme, après avoir été blessé, s’est dirigé vers l’arrière, puis est tombé à bout de forces. Une kinésithérapeute consultée lui a d’ailleurs fait observer que la position des mains aux hanches est caractéristique des gens qui ont des problèmes respiratoires et cherchent à retrouver leur souffle.
Par contre, selon l’historien, rien ne permet d’affirmer que la victime soit un sujet britannique. Entre les chaussées de Charleroi et de Nivelles, on trouvait, aux côtés de troupes anglaises, des brigades issues de la King German Legion, de l’armée hanovrienne, des Nassauviens, des Brunswickois et même la brigade néerlandaise de Detmers.
Le squelette de Mont-Saint-Jean n’a donc pas encore révélé tous ses secrets. Il intéresse par contre fortement la BBC , National Geographic, Discovery, Channel 4 et Smithsonian Channel qui envisagent de coproduire un long documentaire sur le sujet. Avec des moyens d’investigation à la hauteur de leur réputation, peut-être réussiront-ils de la sorte à reconstituer sa genèse ? Affaire à suivre !
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