Coraline & Pierre: L'amour triomphe toujours. Episode 20.
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Coraline & Pierre: L'amour triomphe toujours. Episode 20.
Bonsoir tout le monde!
Avec un peu de retard, voici la suite de votre histoire quotidienne.
Bonne lecture et bon week-end!
Episode 20
-Non! Tu n'as rien à te reprocher... Le seul responsable est cet homme qui, malheureusement, est mon père! Sa prétention, sa suffisance et son mépris des autres sont les seuls coupables. Et, dans une moindre mesure, ma mère... Elle, je pourrai peut-être lui pardonner si je la retrouve un jour: La pauvre; elle a toujours été totalement sous la coupe de ce salaud!
Un ange passe en hochant la tête, dubitatif...
-A ton tour, maintenant!, reprend-elle. Raconte!
Je lui dis ma douleur devant la maison vide, ma quête pour la retrouver, ma fuite en avant dans le travail, pour ne pas penser à elle... Mon premier garage, l'achat du second...
-Tu as plutôt bien réussi!, constate-t' elle.
-Je te jure que j'aurai donné tout cela et même davantage sans regret et sans remord, en échange de la vie que nous avions planifiée ensembles, dans notre cabane... Tu t' en souviens?
-Notre cabane...Notre « chez nous »! Que de fois m'y suis-je réfugiée, dans mes voyages imaginaires..., répond-elle, en se serrant contre moi.
Je savoure, par chaque pores de ma peau, chaque millimètre de la sienne, nue et collée à la mienne...
-Tu n'as plus aucune nouvelle de tes parents?, reprend-je, au bout d'un moment.
-Aucune! Et je n'ai jamais cherché à en avoir... Je ne connais plus ces gens! Ces monstres, capables d'abandonner leur fille unique!
-A ce sujet, dis-je. Moi, je sais où ils sont! Et tu n'es plus fille unique: Ils en ont eu une autre! Elle s' appelle Caroline; je le sais car elle très amie avec les nièces d'un de mes collaborateurs et vieil ami: Cédric, si tu te souviens de lui... Il était avec moi quand nous nous sommes connus, à Pont!
-Une soeur..., fait-elle, rêveuse. La pauvre! Espérons qu'elle ne connaisse jamais le même destin que le mien...
-Espérons-le, en effet! Elle a une douzaine d'années, environs... Je l'ai aperçue quelques fois, de loin, quand j'allais épier la maison de tes parents, certains soirs. J'espérais que tu viendrais leur rendre visite, avec ton mari... Tes enfants, peut-être... Que je pourrais t'apercevoir, de loin... J'ai vraiment cru que tu étais partie volontairement... Que ton père t'avais convaincue que nous n'étions pas faits l'un pour l'autre...
Coraline s'est remise à pleurer:
-Oh, Pierre...Je ne suis pas mariée! Dès j'ai enfin pu sortir de Villa Luna, j'ai voulu prendre un avion et retourner à Pont-du-Roy pour t'y retrouver. Je n'ai pas osé...! Tu m'avais sûrement oubliée... Fais ta vie sans moi..! Cela aurait été normal, du reste: Tu n'avais aucune nouvelle de moi!
-T'oublier? Comment aurais-je pu t'oublier?, l'interromps-je. Je n'ai pas cesser une seconde de t'aimer... De t'espérer...
Mais elle continue, perdue dans ses pensées...
-Je suis donc restée ici... Où se trouve ma vie, désormais...
-Ta vie? Mais elle est avec moi, ta vie!, lui assène-je, péremptoire. Où tu veux! Ici ou ailleurs... Mais avec moi!
-Tu... Tu es en train de me dire que tu es ...libre?, fait-elle, séchant ses larmes avec un coin de la serviette où nous sommes assis.
-Que tu veux toujours de moi, malgré toutes ces années?, dit-elle encore, incrédule.
L'émotion me submerge à nouveau... J'ai les yeux qui se mouillent, une nouvelle fois...
Pour retrouver une certaine contenance, je prends mon air le plus sérieux et ma voix la plus sévère pour lui décréter:
-Écoutez-moi bien, Mademoiselle de Jarvaux d'Arbois... (Coraline, à l'énoncé de son nom, sursaute violemment , comme piquée par une guêpe.) Non seulement je ne suis pas marié, mais il n'est pas question une seule seconde que je le soit un jour...
L'ange repasse, intrigué et oreilles grandes ouvertes, pour entendre la suite...
-Avec une autre que toi, bien sûr!
-A moins que...Tu ne veules plus de moi? Je suis qu'un modeste ouvrier, après tout!, continue-je, inquiet subitement.
L'expression de son visage me rassure instantanément sur le sujet, si besoin était.
-Tu... Je..., bégaye Coraline. Mariés, nous?
Incapable de continuer, elle se remet à pleurer... De joie, cette fois!
-J'y met une condition, toutefois, continue-t' elle, avec un faible sourire au milieu de ses larmes. Plus jamais tu ne m'appelleras de Jarvaux d'Arbois! Je n'ai rien à voir avec ces gens-là: Je m'appelle Coraline De Jare, désormais!
Tiens, ce nom me dit quelque chose... Où l'ai-je déjà vu? Pas d'importance, après tout!
-De Jare? Plus pour longtemps, crois-moi!, lui assure-je, mes yeux rivés dans les siens. Attends...
Très cérémonieusement, je pose un genou au sol, devant elle...
-Mademoiselle Coraline De Jare... Voulez-vous me faire l'honneur de m'épouser?
Le soir est tombé très vite...
Nous avions tant de choses à nous dire que nous n'avons pas vu le temps passer.
Nous nous levons et ne nous lâchons qu'à regret, pour nous vêtir.
Il faut bien rejoindre le monde des prétendus civilisés: Ceux qui restent habillés quand ils se rendent sur une plage!
Main dans la main, comme tous les amoureux du monde, nous nous dirigeons vers le parking et reprenons nos voitures respectives...
Nous nous arrêtons tous les deux mètres pour nous bécoter, comme des collégiens!
Elle monte dans la Volkswagen golf GTI noire que j'avais remarquée, parquée à côté de ma Fiat, à mon arrivée.
J'ai un petit sifflement d'étonnement...
-C'est à toi, cet engin?, l'interroge-je, admiratif.
-Ben... Oui!, me répond-elle, modeste.
-Tu sais, je vis ici, à Mallorca. Et j'y gagne plutôt confortablement ma vie...
-Pourquoi me priverai-je?, termine-t'elle en refermant sur elle la portière du petit bolide avant de démarrer devant moi.
Je bondis au volant de ma Fiat Panda et la suit. Elle conduit vite, très vite, même...
Soudain, je réalise avec angoisse que je n'ai même pas son adresse...
Elle a rejoint la route principale et la distance entre nos véhicules ne cesse d'augmenter...
J'accélère à fond, pour ne pas perdre sa GTI de vue...
Rien à faire! Je ne parviens pas à tenir la vitesse qu'elle m'impose.
La petite Fiat de location tricote tant qu'elle peut mais refuse obstinément de dépasser les cent dix, cent vingt.
Au loin, je la vois emprunter la bretelle de l'autoroute et disparaître.
Désespéré, j'accélère le plus possible, prenant des risques inimaginables pour tenter de la retrouver. Cinq minutes plus tard, je dois bien me rendre à l'évidence: Je l'ai perdue!
La mort dans l'âme, je rentre à l'hôtel...
J'en pleurerai...
-Je ne t'ai donc retrouvée que pour mieux te perdre, songe-je, amer.
Comme d'habitude, je perds un temps bête dans les sens uniques, avant de le retrouver...
Je suis d'une humeur de dogue en réclamant ma clef, la 324, à la réception...
-Désolé, Monsieur!, me dit très sérieusement, en un français parfait, un réceptionniste guindé que je n'ai jamais vu. Cette chambre est louée au nom de Madame Pratz. A moins que vous ne soyez un proche parent, je ne peux vous en donner la clé.
Je sursaute! Qu'est-ce qu'il me raconte là, lui?
-Vous vous fichez de moi?, lui dis-je, interloqué. J'habite cette chambre depuis trois jours!
Cet empaffé, qui me regarde comme si j'avais pondu un œuf en direct devant lui, reprend:
-¿ cuál es su nombre?
(Quel est votre nom?)
-Je ne parle pas espagnol; vous le savez très bien! Parlez-moi en français!, lui intime-je sèchement. C'est qu'il commence à m'énerver, l'espinguoin!
- ¡ no seas agresivo, Señor! ¡ Hago sólo mi trabajo!
(Ne soyez pas agressif, Monsieur! Je ne fais que mon travail!)
Je me tâte mentalement afin de déterminer si je vais bondir immédiatement par-dessus le comptoir et y prendre ma clef de force ou lui flanquer mon poing dans la g....!
-Appelez-moi le directeur!, lance-je, en me contenant difficilement. Tout de suite!
-¿ director? ¡ No hay director aquí, Señor!, me dit, un large sourire sur la face, l'hyspano-cerbère.
Réflexions faites, je crois que je vais lui flanquer mon poing dans la g...et bondir derrière le comptoir y prendre ma clé.
Un client derrière moi, se rendant compte du danger imminent d'explosion que je représente , me traduit vivement la phrase...
-Il dit qu'il n'y a pas de directeur ici, Monsieur...
Je n'y tiens plus! Je serre les poings et essaie de respirer calmement, profondément...
Ce gugusse se f... ouvertement de moi! Et cela à l'air de l'amuser prodigieusement, en prime!
-Et une directrice? Y' a bien une directrice, dans votre bouiboui, non?, aboie-je.
-Oh sí, Señor. ¡ Esto, tenemos! Pero no quiere ser desarreglada...
-Ah oui, Monsieur! Nous en avons une! Mais elle ne veut pas être dérangée!, me traduit fidèlement l'interprète improvisé, à mon côté.
Je perçois nettement des rires étouffés, en provenance de la porte du bureau, derrière l'employé.
Je fulmine tellement que je dois avoir de la vapeur qui me sort par les oreilles!
Le pingouin, derrière le comptoir, s'en rend compte...
Prudent, il recule vers cette porte, en me jetant un regard inquiet puis... éclate de rire!
Il m'invite, en s'exprimant à nouveau dans un français parfait, à venir le rejoindre et ouvre la porte du bureau en grand, d'un geste théâtral...
Je ne me fais pas prier: J'y pénètre au pas de charge!
Ah, elle va m'entendre, la directrice!
Assise au bureau qui me fait face, Maria-Luisa me fixe calmement.
-Qu'est-ce que cela signifie?, tonne-je, d'une voix de stentor, avant même qu'elle n'ait le temps d'ouvrir la bouche. Pourquoi ne puis-je obtenir la clef de ma chambre?
-Mais... Tout simplement parce-que tu n'habites plus ici!, fait une voix rieuse dans mon dos.
Je suis tellement furieux que je ne l'identifie même pas!
-Comment, je n'habites plus ici? Mais...
Un rire clair -que j'identifie immédiatement, lui- m'interrompt...
Je me retourne lentement, incrédule...
Dans l'encoignure de la porte se tient Coraline, hilare...
-Toi?!, fais-je. Mais...Mais... Que fais-tu là?
-Tu as demandé à voir la directrice, non?, dit-elle. Hé bien, tu l'as devant toi!
-Je t'ai bien eu, hein?, reprend-elle, en éclatant de rire et en venant se pelotonner contre moi.
-Je te présente Pedro, mon barman!, continue-t'elle, en me désignant celui qui officiait dans la réception à mon arrivée. Il est bon comédien, non?
-Tu peux le dire! Pedro, reprend-je, une lueur amusée dans le regard, si un jour l'hôtellerie ne veut plus de vous, le théâtre vous attendra à bras ouverts!
Il rit franchement puis, s'adressant à Coraline:
-Tu n'as plus besoin de moi? Je peux retourner à mon bar?
-Vas-y, Pedro! Et merci encore! Sans toi, cela aurait été moins drôle: Il n'y aurait pas cru!
-Tu n'es pas fâché par ma petite blague?, me demande-t'elle taquine, en se tournant vers moi. Je t'attendais ici depuis longtemps quand je t'ai vu enfin arriver... Je me demandais où tu restais quand soudainement, je me suis rendue compte que tu ignorais que j'étais la directrice de cet hôtel...
C. De Jare... Voilà où j'avais lu ce nom: Sur la porte de ce bureau même!
-J'ai alors eu l'idée de cette petite mise en scène, termine-t'elle, en riant. Tu aurais vu ta tête! Cela valait de l'or...
A suivre
Avec un peu de retard, voici la suite de votre histoire quotidienne.
Bonne lecture et bon week-end!
Episode 20
-Non! Tu n'as rien à te reprocher... Le seul responsable est cet homme qui, malheureusement, est mon père! Sa prétention, sa suffisance et son mépris des autres sont les seuls coupables. Et, dans une moindre mesure, ma mère... Elle, je pourrai peut-être lui pardonner si je la retrouve un jour: La pauvre; elle a toujours été totalement sous la coupe de ce salaud!
Un ange passe en hochant la tête, dubitatif...
-A ton tour, maintenant!, reprend-elle. Raconte!
Je lui dis ma douleur devant la maison vide, ma quête pour la retrouver, ma fuite en avant dans le travail, pour ne pas penser à elle... Mon premier garage, l'achat du second...
-Tu as plutôt bien réussi!, constate-t' elle.
-Je te jure que j'aurai donné tout cela et même davantage sans regret et sans remord, en échange de la vie que nous avions planifiée ensembles, dans notre cabane... Tu t' en souviens?
-Notre cabane...Notre « chez nous »! Que de fois m'y suis-je réfugiée, dans mes voyages imaginaires..., répond-elle, en se serrant contre moi.
Je savoure, par chaque pores de ma peau, chaque millimètre de la sienne, nue et collée à la mienne...
-Tu n'as plus aucune nouvelle de tes parents?, reprend-je, au bout d'un moment.
-Aucune! Et je n'ai jamais cherché à en avoir... Je ne connais plus ces gens! Ces monstres, capables d'abandonner leur fille unique!
-A ce sujet, dis-je. Moi, je sais où ils sont! Et tu n'es plus fille unique: Ils en ont eu une autre! Elle s' appelle Caroline; je le sais car elle très amie avec les nièces d'un de mes collaborateurs et vieil ami: Cédric, si tu te souviens de lui... Il était avec moi quand nous nous sommes connus, à Pont!
-Une soeur..., fait-elle, rêveuse. La pauvre! Espérons qu'elle ne connaisse jamais le même destin que le mien...
-Espérons-le, en effet! Elle a une douzaine d'années, environs... Je l'ai aperçue quelques fois, de loin, quand j'allais épier la maison de tes parents, certains soirs. J'espérais que tu viendrais leur rendre visite, avec ton mari... Tes enfants, peut-être... Que je pourrais t'apercevoir, de loin... J'ai vraiment cru que tu étais partie volontairement... Que ton père t'avais convaincue que nous n'étions pas faits l'un pour l'autre...
Coraline s'est remise à pleurer:
-Oh, Pierre...Je ne suis pas mariée! Dès j'ai enfin pu sortir de Villa Luna, j'ai voulu prendre un avion et retourner à Pont-du-Roy pour t'y retrouver. Je n'ai pas osé...! Tu m'avais sûrement oubliée... Fais ta vie sans moi..! Cela aurait été normal, du reste: Tu n'avais aucune nouvelle de moi!
-T'oublier? Comment aurais-je pu t'oublier?, l'interromps-je. Je n'ai pas cesser une seconde de t'aimer... De t'espérer...
Mais elle continue, perdue dans ses pensées...
-Je suis donc restée ici... Où se trouve ma vie, désormais...
-Ta vie? Mais elle est avec moi, ta vie!, lui assène-je, péremptoire. Où tu veux! Ici ou ailleurs... Mais avec moi!
-Tu... Tu es en train de me dire que tu es ...libre?, fait-elle, séchant ses larmes avec un coin de la serviette où nous sommes assis.
-Que tu veux toujours de moi, malgré toutes ces années?, dit-elle encore, incrédule.
L'émotion me submerge à nouveau... J'ai les yeux qui se mouillent, une nouvelle fois...
Pour retrouver une certaine contenance, je prends mon air le plus sérieux et ma voix la plus sévère pour lui décréter:
-Écoutez-moi bien, Mademoiselle de Jarvaux d'Arbois... (Coraline, à l'énoncé de son nom, sursaute violemment , comme piquée par une guêpe.) Non seulement je ne suis pas marié, mais il n'est pas question une seule seconde que je le soit un jour...
L'ange repasse, intrigué et oreilles grandes ouvertes, pour entendre la suite...
-Avec une autre que toi, bien sûr!
-A moins que...Tu ne veules plus de moi? Je suis qu'un modeste ouvrier, après tout!, continue-je, inquiet subitement.
L'expression de son visage me rassure instantanément sur le sujet, si besoin était.
-Tu... Je..., bégaye Coraline. Mariés, nous?
Incapable de continuer, elle se remet à pleurer... De joie, cette fois!
-J'y met une condition, toutefois, continue-t' elle, avec un faible sourire au milieu de ses larmes. Plus jamais tu ne m'appelleras de Jarvaux d'Arbois! Je n'ai rien à voir avec ces gens-là: Je m'appelle Coraline De Jare, désormais!
Tiens, ce nom me dit quelque chose... Où l'ai-je déjà vu? Pas d'importance, après tout!
-De Jare? Plus pour longtemps, crois-moi!, lui assure-je, mes yeux rivés dans les siens. Attends...
Très cérémonieusement, je pose un genou au sol, devant elle...
-Mademoiselle Coraline De Jare... Voulez-vous me faire l'honneur de m'épouser?
Le soir est tombé très vite...
Nous avions tant de choses à nous dire que nous n'avons pas vu le temps passer.
Nous nous levons et ne nous lâchons qu'à regret, pour nous vêtir.
Il faut bien rejoindre le monde des prétendus civilisés: Ceux qui restent habillés quand ils se rendent sur une plage!
Main dans la main, comme tous les amoureux du monde, nous nous dirigeons vers le parking et reprenons nos voitures respectives...
Nous nous arrêtons tous les deux mètres pour nous bécoter, comme des collégiens!
Elle monte dans la Volkswagen golf GTI noire que j'avais remarquée, parquée à côté de ma Fiat, à mon arrivée.
J'ai un petit sifflement d'étonnement...
-C'est à toi, cet engin?, l'interroge-je, admiratif.
-Ben... Oui!, me répond-elle, modeste.
-Tu sais, je vis ici, à Mallorca. Et j'y gagne plutôt confortablement ma vie...
-Pourquoi me priverai-je?, termine-t'elle en refermant sur elle la portière du petit bolide avant de démarrer devant moi.
Je bondis au volant de ma Fiat Panda et la suit. Elle conduit vite, très vite, même...
Soudain, je réalise avec angoisse que je n'ai même pas son adresse...
Elle a rejoint la route principale et la distance entre nos véhicules ne cesse d'augmenter...
J'accélère à fond, pour ne pas perdre sa GTI de vue...
Rien à faire! Je ne parviens pas à tenir la vitesse qu'elle m'impose.
La petite Fiat de location tricote tant qu'elle peut mais refuse obstinément de dépasser les cent dix, cent vingt.
Au loin, je la vois emprunter la bretelle de l'autoroute et disparaître.
Désespéré, j'accélère le plus possible, prenant des risques inimaginables pour tenter de la retrouver. Cinq minutes plus tard, je dois bien me rendre à l'évidence: Je l'ai perdue!
La mort dans l'âme, je rentre à l'hôtel...
J'en pleurerai...
-Je ne t'ai donc retrouvée que pour mieux te perdre, songe-je, amer.
Comme d'habitude, je perds un temps bête dans les sens uniques, avant de le retrouver...
Je suis d'une humeur de dogue en réclamant ma clef, la 324, à la réception...
-Désolé, Monsieur!, me dit très sérieusement, en un français parfait, un réceptionniste guindé que je n'ai jamais vu. Cette chambre est louée au nom de Madame Pratz. A moins que vous ne soyez un proche parent, je ne peux vous en donner la clé.
Je sursaute! Qu'est-ce qu'il me raconte là, lui?
-Vous vous fichez de moi?, lui dis-je, interloqué. J'habite cette chambre depuis trois jours!
Cet empaffé, qui me regarde comme si j'avais pondu un œuf en direct devant lui, reprend:
-¿ cuál es su nombre?
(Quel est votre nom?)
-Je ne parle pas espagnol; vous le savez très bien! Parlez-moi en français!, lui intime-je sèchement. C'est qu'il commence à m'énerver, l'espinguoin!
- ¡ no seas agresivo, Señor! ¡ Hago sólo mi trabajo!
(Ne soyez pas agressif, Monsieur! Je ne fais que mon travail!)
Je me tâte mentalement afin de déterminer si je vais bondir immédiatement par-dessus le comptoir et y prendre ma clef de force ou lui flanquer mon poing dans la g....!
-Appelez-moi le directeur!, lance-je, en me contenant difficilement. Tout de suite!
-¿ director? ¡ No hay director aquí, Señor!, me dit, un large sourire sur la face, l'hyspano-cerbère.
Réflexions faites, je crois que je vais lui flanquer mon poing dans la g...et bondir derrière le comptoir y prendre ma clé.
Un client derrière moi, se rendant compte du danger imminent d'explosion que je représente , me traduit vivement la phrase...
-Il dit qu'il n'y a pas de directeur ici, Monsieur...
Je n'y tiens plus! Je serre les poings et essaie de respirer calmement, profondément...
Ce gugusse se f... ouvertement de moi! Et cela à l'air de l'amuser prodigieusement, en prime!
-Et une directrice? Y' a bien une directrice, dans votre bouiboui, non?, aboie-je.
-Oh sí, Señor. ¡ Esto, tenemos! Pero no quiere ser desarreglada...
-Ah oui, Monsieur! Nous en avons une! Mais elle ne veut pas être dérangée!, me traduit fidèlement l'interprète improvisé, à mon côté.
Je perçois nettement des rires étouffés, en provenance de la porte du bureau, derrière l'employé.
Je fulmine tellement que je dois avoir de la vapeur qui me sort par les oreilles!
Le pingouin, derrière le comptoir, s'en rend compte...
Prudent, il recule vers cette porte, en me jetant un regard inquiet puis... éclate de rire!
Il m'invite, en s'exprimant à nouveau dans un français parfait, à venir le rejoindre et ouvre la porte du bureau en grand, d'un geste théâtral...
Je ne me fais pas prier: J'y pénètre au pas de charge!
Ah, elle va m'entendre, la directrice!
Assise au bureau qui me fait face, Maria-Luisa me fixe calmement.
-Qu'est-ce que cela signifie?, tonne-je, d'une voix de stentor, avant même qu'elle n'ait le temps d'ouvrir la bouche. Pourquoi ne puis-je obtenir la clef de ma chambre?
-Mais... Tout simplement parce-que tu n'habites plus ici!, fait une voix rieuse dans mon dos.
Je suis tellement furieux que je ne l'identifie même pas!
-Comment, je n'habites plus ici? Mais...
Un rire clair -que j'identifie immédiatement, lui- m'interrompt...
Je me retourne lentement, incrédule...
Dans l'encoignure de la porte se tient Coraline, hilare...
-Toi?!, fais-je. Mais...Mais... Que fais-tu là?
-Tu as demandé à voir la directrice, non?, dit-elle. Hé bien, tu l'as devant toi!
-Je t'ai bien eu, hein?, reprend-elle, en éclatant de rire et en venant se pelotonner contre moi.
-Je te présente Pedro, mon barman!, continue-t'elle, en me désignant celui qui officiait dans la réception à mon arrivée. Il est bon comédien, non?
-Tu peux le dire! Pedro, reprend-je, une lueur amusée dans le regard, si un jour l'hôtellerie ne veut plus de vous, le théâtre vous attendra à bras ouverts!
Il rit franchement puis, s'adressant à Coraline:
-Tu n'as plus besoin de moi? Je peux retourner à mon bar?
-Vas-y, Pedro! Et merci encore! Sans toi, cela aurait été moins drôle: Il n'y aurait pas cru!
-Tu n'es pas fâché par ma petite blague?, me demande-t'elle taquine, en se tournant vers moi. Je t'attendais ici depuis longtemps quand je t'ai vu enfin arriver... Je me demandais où tu restais quand soudainement, je me suis rendue compte que tu ignorais que j'étais la directrice de cet hôtel...
C. De Jare... Voilà où j'avais lu ce nom: Sur la porte de ce bureau même!
-J'ai alors eu l'idée de cette petite mise en scène, termine-t'elle, en riant. Tu aurais vu ta tête! Cela valait de l'or...
A suivre
loudé Mallorca- Messages : 103
Date d'inscription : 16/12/2013
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Localisation : Waterloo. Belgique
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