Coraline & Pierre: La vengeance de de Jarvaux d'Arbois. Episode 11.

Bonsoir à toutes et tous.
Voici l'épisode du jour de votre histoire...
Bonne lecture et bonne soirée!

Episode 11

-Merci, Monsieur le Président.
M'énerve tous, à me balancer de « Monsieur le Président » à tour de bras!
-Monsieur Franck?, commence-je. Puisque nous allons travailler ensembles désormais...
-Oui, Monsieur le Président?
-Peut-être pourrions-nous nous appeler par nos prénoms respectifs, non?
-C'est que..., commence-t'il, manifestement embarrassé, cela ne va pas être facile, voyez-vous! Monsieur de Jarvaux tenait à ce que l'on ne l'appelle exclusivement par son titre et...
-Au diable de Jarvaux!, fais-je, légèrement irrité à son évocation. Les choses vont changer, dorénavant!
-Je... Heu... Oui, Monsieur le Pre...
-Monsieur Pierre! Monsieur P-i-e-r-r-e! C'est bien suffisant!, dis-je, en souriant. Et c'est valable pour vous aussi, Madame Sonia!
-Ah?, fait celle-ci, surprise. Comme vous le souhaitez, Monsieur le Pre... Pierre!
Devant la mine surprise de mes nouveaux collaborateurs, je me crois obligé de préciser:
-Monsieur Léon, Madame Sonia, ne vous méprenez pas sur mes intentions!
En aucun cas je ne veux bouleverser les règles cette entreprise...
D'après ce que j'en ai lu, vous, et les divers directeurs accomplissez ici un travail remarquable.
Donc, de côté-là, il n'y a rien à changer!
Simplement, je veux créer des bonnes relations entre les membres du personnel et la haute direction... C'est à dire nous! Et je pense sincèrement que pour tisser ces liens, rien de tel que s'appeler par nos prénoms. Nous devons montrer l'exemple!
-Comprenez bien que, contrairement à de Jarvaux qui s'en souciait comme d'une guigne, un de mes principal souci sera le bien-être de mon personnel, continue-je.
Je pars du principe qu'un personnel heureux au travail donnera toujours le meilleur de lui-même, achève-je, suivant sur les mimiques de leurs visages, l'effet produit par mon petit laïus.
-Très bon principe, Monsieur le P... Pierre!, dit simplement mon vice-président de Léon.
-Je le trouve également, Monsieur Pierre!, complète Sonia.
-Très bien! Puisque nous sommes d'accord, que me proposez-vous, maintenant?
-Si vous le permettez, Monsieur, je vais vous présenter aux directeurs.
-Hé bien... Allons-y, fais-je simplement.
Après tout, je suis venu pour cela!

****

Les jours suivants ne me laisse pas beaucoup de loisirs: Passer de la gestion de garages à la présidence d'un groupe comme le mien ne se fait pas en « deux coups de cuillère à pot », comme le dirait un médecin que j'ai connu il n'y a pas si longtemps. (Voir Coraline & Pierre ou l'amour triomphe toujours.)
J'ai tout à apprendre et je fais de mon mieux, encadré mes directeurs et surtout, bien épaulé par Monsieur Franck.
Je suis très attentif aux attentes de mon personnel...
J'ai toujours agi de la sorte avec mes ouvriers, dans mes garages.
Ils sont juste plus nombreux ici et sont, pour la plupart, des employés, mais il n'empêche: Cela m'a toujours réussi et il n'y a aucune raison de changer ce qui marche!
Hubert a fait supprimer les pauses de dix heures et de quinze heures, au nom de je ne sais quel motif? Je les fais immédiatement remettre à l'ordre du jour.
Il a supprimé la « piste de santé »? J' annonce sa ré-ouverture pour le printemps prochain...
Il a interdit l'accès au parc privé où mon personnel se plaisait tant? J' annonce sa remise en état totale et son ouverture pour le début de l'été.
Et je ne fais pas qu'annoncer: J'agis!
Je profite de l'exceptionnelle douceur de cette arrière-saison pour faire enlever les vestiges des anciens engins de la piste de santé. Et je fais refaire à neuf les allées qui la parcoure...
Plus qu' à y installer les nouveaux appareils d'exercices physiques...
Ce sera pour les prochains beaux jours!
Un matin du tout début décembre, vers onze heures, je m'installe à une table de la cafétéria pour y prendre mon premier café quotidien, comme j'en ai pris l'habitude depuis mon entrée en fonction.
Agnièce, l'avenante jeune femme âgée d'une quarantaine d'années qui y officie en tant que gestionnaire et serveuse, m'accueille de son habituel:
-Comme d'habitude, Monsieur Pierre?, tout en s'activant à servir les autres membres du personnel présents.
-Bien sûr, oui! Pourquoi changerai-je une si bonne habitude?, lui répond-je en souriant, tout en examinant distraitement les visages qui m'entourent.
Elle me prépare un café serré, comme je l'aime, et vient me l'apporter à la table que j'occupe près de sa caisse enregistreuse.
-Et voilà, Monsieur!, fait-elle, avec un petit sourire, en le déposant devant moi.
-Tout de même, Monsieur Pierre!, reprend-elle. Vous n'êtes pas un patron ordinaire, vous!
-Et comment dois-je prendre cela?, fais-je, en fronçant les sourcils.
-Oh! Bien!, dit-elle, subitement inquiète. C'était un compliment! Je... Vous vous faites appeler Monsieur Pierre: Pas Monsieur le Président... Vous prenez vos repas de midi avec nous, ici...
-Jamais personne ici n'a fait cela avant vous, 'comprenez?, dit-elle encore.
-Mais? Agnièce... lui dis-je, très sérieux tout-à-coup. Que croyez-vous? Comme tous les patrons, j’attends de mon personnel qu'il se donne au maximum au boulot!
-Quand de Jarvaux dirigeait cette boîte, continue-je, dites-moi franchement: Vous pensiez à faire votre travail ou à rentrer chez vous le plus vite possible, sitôt la « corvée » terminée?
-Franchement, Monsieur Pierre? Plutôt la seconde proposition!, répond-elle, en rougissant légèrement.
-Vous voyez!, dis-je. Et je suis certain que tous pensaient comme vous! Dès lors, deux solutions s'offrent à un patron un tant soit peu psychologue: Intransigeance et sévérité...ou partenariat total employé/direction...
-Vous avez raison, Monsieur!, me fait-elle. L'ambiance a totalement changé depuis votre prise de pouvoir: On sent que le personnel est heureux de travailler ici maintenant! En tout cas, moi, c'est le cas!
-Il y a quand même une chose que je ne comprend pas, continue-t'elle. Pourquoi ne vous êtes-vous jamais officiellement présenté en tant que Président Directeur Général? Regardez toutes ces personnes autour de nous: Elles ne vous connaissent même pas!
-...Et c'est très bien comme cela!, fais-je, en souriant. Je tiens à pouvoir manger tranquille, sans être observer comme une bête curieuse... Je ne suis qu'un employé de la société comme les autres, après tout!
Un bref instant, elle me considère sans rien dire, perplexe, avant de s'éloigner vers son comptoir.
-Ah? Agnièce: Tant que j'y pense!, la rappelle-je. Dites-moi: Du temps où la boîte s'appelait encore Low Boats... Vous étiez déjà là?.
-Oui, oui, Monsieur! Il y a quand même quatorze ans que je bosse dans l'immeuble. Simple serveuse au début et puis...seule maître à bord avec mon compagnon Mario, le cuistot.
-Pour les fêtes de Noël... Il y avait quelque chose prévu, en ce temps-là?
-Je veux dire: Avant de Jarvaux!, précise-je.
-Oh, pour cela oui, qu'il y avait quelque chose!, me répond-elle, les yeux brillants à ce souvenir. Distribution de cadeaux aux enfants du personnel et grand souper, le dernier week-end avant le réveillon.
-Ah! C'était un événement! Je vous assure!, continue-t'elle. Et pour la nouvelle année, donc! Réveillon dans le chalet, au parc! On arrêtait la musique à sept heure du matin! Et encore...
-Qui organisait ces festivités?
-Qui? Mais Monsieur Pierre: Qui voulez-vous que ce soit? Mario et moi, bien sûr!
A suivre