Coraline & Pierre: La vengeance de de Jarvaux d'Arbois. Episode 22 & 23.
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Coraline & Pierre: La vengeance de de Jarvaux d'Arbois. Episode 22 & 23.
Bonsoir à toutes et tous.
Un petit souci perso m'a empêché de publier les épisodes de votre histoire, ces derniers jours.
En voici donc deux aujourd'hui.
Très bonne journée à toutes et tous et bonne lecture!
Episode 22
Une relation très spéciale est en train de se tisser sous leurs yeux...
-Tu as de la chance d'avoir une maman comme elle, reprend Magali, en se remettant à pleurer. Moi aussi, j'ai cru que j'avais une maman... Résultat? Regarde où j'en suis...
-Tu as connu ta maman quand tu étais petite fille, toi?, l'interroge innocemment Caroline.
-Ben, oui! Comme tout le monde...
-Pas comme tout le monde!, intervient Coraline. Ma fille et moi, nous nous connaissons depuis un peu plus de trois mois, seulement!
Magali, stupéfiée par ce qu'elle vient d'entendre, en oublie de pleurer.
-Trois mois? Comment est-ce possible?, demande-t'elle.
-Je vais te raconter mon histoire, fait Coraline. Après, tu comprendras par toi-même qu'il y a une vie après Villa Luna...
Elle va s'asseoir sur le lit et constate, amusée, qu'il ne comporte toujours ni draps ni couvertures...
Maria lui lance un clin-d'oeil complice.
-Viens près de moi, Magali!, lui intime Cora avec douceur, en tapotant du plat de la main le matelas, juste à côté d'elle. Caroline; viens t'installer à côté d'elle.
Les deux filles assises, Coraline débute son récit.
Magali l'écoute attentivement, recherchant de temps à autre une approbation dans les yeux de Caroline.
Pendant ce temps, la nouvelle du retour de Coraline et de sa fille à Villa Luna s'est répandue comme une traînée de poudre dans la maison.
Tout le personnel -et une bonne partie des pensionnaires- s'est précipité dans la chambre numéro dix pour y entendre le récit des retrouvailles mère et sa fille...
Et Cora parle, parle...
Magali boit littéralement ses paroles...
Caroline, dans un geste naturel, a pris sa main dans la sienne, sous le regard dubitatif de Maria.
Deux sœurs ne seraient pas plus proches!, pense-t'elle.
-Et voilà comment je suis là, près de toi, à te raconter ma vie, ma petite Magali!, termine Cora.
-Vous avez eu beaucoup de chance, malgré tout, fait celle-ci, à nouveau proche des larmes. Vous avez quand même eu votre bébé... Tandis que moi, achève-t'elle, dans un sanglot.
-C'est vrai!, reconnaît Coraline. Mais j'ai vécu plus de treize ans sans savoir qu'elle existait... J'ai cru qu'elle était partie définitivement...
-Et puis, votre maman...
-Tu peux me tutoyer, l'interrompt Cora. Nous sommes amies, maintenant.
-Merci!, dit-elle simplement. Ta maman est toujours là... Moi, je n'ai plus personne! Personne, hoquète-t'elle.
-Mais si, tu as quelqu'un!, reprend Coraline. Nous n'allons pas te laisser tomber Caro et moi... Pas vrai, Caro?
-Ah cela, certainement pas! Je viendrai te voir tous les jours, tant que je suis à Mallorca, fait-elle, d'un ton convaincu.
-Bien!, fait soudain Maria. Mesdemoiselles, Mesdames... Et si nous passions au salon? La chambre de Magali est un peu trop petite que pour contenir tant de monde.
-Quelle histoire!, fait Sophie, en entrainant Coraline par le bras. Et Pierre? Comment a-t'il pris l'arrivée de Caroline?
Avant qu'elle n'ait le temps de répondre: Betty, son ancienne « monitrice », comme elle l'appelait, l'a attrapée par l'autre bras et lui pose mille questions sur sa vie actuelle.
-Magali, tu viens avec nous au salon?, s'inquiète-t'elle, avant de franchir la porte, tout en s'efforçant de répondre aux diverses marques d'amitié que lui témoignent ses anciennes amies.
-Non, je préfère rester ici!, répond celle-ci, d'une voix morne.
-Moi, je reste aussi, maman!, déclare Caroline, d'une voix décidée.
-Pas de problème! Si vous changez d'avis, vous savez où nous trouver, toutes les deux!
Cinq minutes plus tard, dans la chambre redevenue calme, deux jeunes filles se ressemblant comme des sœurs, nues comme des vers de terre et s'en souciant comme d'une guigne, refont le monde à leur façon.
C'est la première fois, depuis le décès de son petit garçon, que Magali parvient à parler plus de deux minutes sans fondre en larmes...
Dans le grand salon, les conversations vont bon train et bien que Coraline réponde de bonne grâce aux questions qu'on lui pose, elle semble lointaine...
-Maria?, fait-elle, soudain, en se levant. Je peux te parler en privé?
-Mais...Je t'en prie! Viens: Allons dans mon bureau!
Coraline s'immobilise un bref instant en franchissant la porte de la pièce: Elle a tant de souvenirs dans ce local!
Elle se reprend bien vite.
-Voilà!, commence-t'elle, la mine soucieuse. Tu as raison: Magali ne va pas bien du tout! Il faut que je fasse quelque chose pour elle... Je ne sais pas t'expliquer pourquoi... J'ai l'impression que je le lui dois!
Alors qu'hier encore,j'ignorais jusqu'à son existence!,pense-t'elle, tout en parlant.
-Elle te rappelle un peu trop ta propre histoire, ma Cora: Voilà tout!, lui répond Maria.
-C'est possible, mais je ressens autre chose... Le même sentiment que quand j'ai retrouvé Caroline!, continue-t'elle.
Un long silence passe...que Maria coupe subitement.
-Toi, je te connais trop bien, ma fille!, fait-elle. Quand tu as cette tête là, c'est que tu as une idée biscornue dedans!
-Oui; j'ai une idée..., poursuit Cora, manifestement en proie à une profonde réflexion.
-Confie-la moi!, fait-elle, tout de go.
-Quoi?, s'exclame Maria. Tu es malade? Tu sais bien que je ne peux pas faire cela! Le règlement de Villa Luna...
-Oh, va au diable, avec ton règlement, Maria!, fait Coraline, énervée. C'est toi qui l'a écrit! On peut bien le contourner, pour une fois, non? Tu ne vois pas qu'elle s'éteint ici? Que tu cours à la catastrophe avec elle? Elle n'est pas moi... Elle ne s'en sortira pas si je ne l'aide pas...
-Je m'en rends bien compte, Cora! Qu'est-ce tu crois...
-Mais que vas-tu faire d'elle? La prendre avec toi une semaine? Deux? Et après? Tu vas me la ramener? Elle se sentira trahie une seconde fois! Comment réagira-t'elle? Tu as pensé à cela?
-Ecoute Maria, reprend Coraline. Je te dis que je ne sais pas pourquoi mais je sens que sa place est avec moi: Avec nous même!, devrai-je dire.
-Nous?, interroge Maria.
-Pierre, Caroline et moi, oui! Je le ressens comme une évidence...
-Bon! Admettons que je cède, dit Maria. Admettons seulement! Quand tu repartiras chez toi, en Belgique... Que comptes-tu en faire?
-Quelle question! L'emmener avec nous, bien sûr!, répond Coraline sans l'ombre d'une hésitation.
Si elle est d'accord, bien entendu!
-Et ses parents?, demande Maria. Tu as pensé à ses parents? Que vont-ils dire si jamais ils apprennent que j'ai laissé partir leur fille?
-Tu m'as dit toi-même qu'ils ne veulent plus rien avoir à faire avec elle... Il suffit de ne rien leur dire...A supposer qu'ils t'interrogent un jour! Une fois en Belgique, nous l'adopterons officiellement ou je la ferai émanciper!
-Tu es folle!, dit Maria, à bout d'arguments. Et Pierre? Comment va-t'il réagir?
-Pierre? Je t'assure bien que s'il était ici, il appuierait mon idée de toutes ses forces! Je le connais assez que pour savoir qu'il ne refusera pas de tendre la main à cette gamine désespérée...
-Soit!, cède Maria, dans un soupir. Tu me fais décidément faire n'importe quoi! Tu veux l'emmener quand?
-Quand? Mais...Immédiatement, bien sûr! J'ai trois chambres dans mon appartement d'El Arenal et, pour les vêtements, elle fait quasiment la même taille que Caroline... En dehors de tes hésitations, rien ne s'oppose à ce que je l'enlève d'ici tout de suite!
A suivre
Episode 23
-Tu es bien sûre de vouloir faire cela?, s'assure une dernière fois Maria. Tu réalises que tu vas devoir la traiter exactement de la même façon que tu traites ta propre fille?
Elle doit être scolarisée, nourrie, vêtue... Hébergée aussi! Tu te rends compte de ce qu'elle va te coûter? Et en Belgique, as-tu seulement assez de place que pour la loger décemment?
-Ne t'inquiète pas, Mamy Maria, fait Cora, utilisant le surnom qu'elle lui donnait autrefois: J'ai le coeur assez grand que pour y accueillir une dizaine de Magali, s'il le faut!
Elle reprend immédiatement:
-Pour l'argent, il n'y a aucun problème; rassures-toi! Je gagne confortablement ma vie... Et Pierre est devenu le PDG d'une multinationale...
-Quant au logement, achève t-elle, si tu voyais notre maison, en Belgique, tu éclaterais de rire rien que pour avoir posé la question.
-Je n'ai plus rien à ajouter!, fait Maria, à bout d'arguments. Je vais faire le nécessaire pour que l'argent de sa pension soit verser sur ton compte...
-Je viens de te dire que l'argent n'est pas un problème!, fait Cora. Garde ce que ses parents t'ont donné et utilise-le pour gâter un peu les autres pensionnaires!
-Nous sommes d'accord?, dit-elle encore.
-Il le faut bien! Comment veux-tu que je résiste à tes arguments?, lui réponds Maria, en soupirant.
-En ce cas, allons tout de suite leur annoncer la nouvelle!, termine Coraline.
Elles sortent du bureau et se dirigent tout droit vers la chambre 10.
Au fur et à mesure qu'elle s'en approchent, elles entendent distinctement deux rires hauts et clairs qui fusent, plein de joie.
-Tu as raison, Cora! La place de cette encore petite fille est avec vous!, admet Maria, avec un bon sourire.
En poussant la porte, elles les trouvent allongées côte-à-côte sur le lit, en grande discussion entre-coupée de rire.
Caroline se lève la première à l'entrée de sa maman.
-Nous devons déjà partir?, s'inquiète-t'elle.
-Il va être dix-neuf heure, Caro! Il est grand temps! Tu as déjà oublié que j'ai réservé une table chez « Le Belge » pour ce soir?
-Bon!, soupire Caroline. Je pourrai revenir demain, maman? Nous nous entendons vraiment bien Magali et moi et...
-Non, tu ne peux pas revenir demain!, la coupe Coraline. Je n'ai pas le temps de te conduire et tu ne sais pas venir toute seule ici...
-Alors quand?, demande encore Caroline pleine d'espoir. Après demain?
-Je crains fort que tu ne saches pas venir durant un bon moment!, continue Coraline, toujours sérieuse.
-Un... Un bon moment? Que veux-tu dire par là? Tu as dit toi-même que nous n'allions pas abandonner Magali...
-Oui, c'est vrai! J'ai dit cela... Qu'allons-nous bien pouvoir faire, alors?, reprend Coraline, avec un air soucieux.
Magali, en entendant le discours tenu par Coraline a blêmi. Manifestement, elle fait de gros efforts pour ne pas fondre en larmes, encore une fois.
-J'ai bien une vague idée..., continue Cora, avec un clin d'oeil complice en direction de Maria. Mais est-ce que Magali sera d'accord? Toute la question est là...
-D'accord?, fait celle-ci, étonnée. D'accord pourquoi faire?
-Pour venir vivre avec nous! Cela te tenterait?
-Ve... Venir vivre avec vous? Moi? Quand?
-Quand? Voyons... Quand? Tout de suite, par exemple!, dit Coraline, avec un grand sourire.
-Et comment!, répond Magali, toute envie de pleurer envolée.
-Et toi, Caroline? Tu es d'accord pour qu'elle vienne vivre avec nous? Et pas seulement ici, à Majorque! Tout le temps!
-Waouw! Super-méga-génial!, obtient-elle, en guise de réponse.
-Adjugé! Vendu à l'unanimité!, termine Cora.
Les deux jeunes filles poussent des cris de joie et se précipitent au cou de Cora.
-Merci, maman, fait Caroline.
-Merci, heu...Madame, fait Magali en écho.
-Toi, fait Coraline en prenant le plus possible l'air courroucé, si tu oses m'appeler « Madame » encore une fois, je ne te parle plus! Appelle-moi par mon prénom, voyons. Tu le trouves si moche?
-Oh, non! Non! Mada... Coraline!, termine Magali.
-Allez! Allez vous habiller toutes les deux: Nous sommes déjà en retard... Maria, tu as bien des vêtements pour cette demoiselle, non?
-A vrai dire, répond celle-ci, je me doutais bien que tu allais me faire un coup tordu comme celui que tu viens de me faire. J'ai déjà fait tout préparer pour le cas où, dans le vestiaire, avec vos affaires!
A dix-neuf heure quarante cinq, Coraline et ses deux filles quittent Villa Luna, sous le regard ému de Maria.
Sacrée Coraline!, pense-t'elle. Quand elle a une idée en tête, comme dit sa fille...
-Chapitre 6-
En se réveillant frais et dispos de sa longue sieste, Dorian constate, étonné, qu'il n'est que deux heures et demie de l'après-midi.
-Trop tôt que pour aller au café se soûler la tronche...Et trop tard que pour commencer un démontage quelconque..., juge-t'il.
En revanche, il ne serait pas contre une bonne petite partie de cartes avec ses frères...
Il quitte le bureau en baillant et en s'étirant pour se diriger vers la caravane, au fond du terrain.
Excepté de solides ronflements, il n'y règne aucun un bruit quand il y pénètre.
Ses trois frères sont affalés sur les banquettes, plus que probablement ivre-morts, si Dorian en juge par les deux bouteilles de whisky vides qu'il aperçoit par terre.
Il ressort du palais de la belle-au-bois dormant d'assez mauvaise humeur!
Cela vaut bien la peine d'avoir des frères: Jamais là quand on a besoin d'eux!, pense-t'il.
N'ayant rien d'autre à faire, il fait le tour de sa casse automobile, à pied, son chien sur les talons.
Il tombe en arrêt sur une Renault Clio grise, multi-soupapes qui a encore fière allure, malgré sa présence parmi les épaves diverses.
Lequel de mes frères a accepté cette voiture sans rien m'en dire? Oh; et après tout...Quelle importance?!
Mû par une impulsion soudaine, il y fait monter son chien, se glisse derrière le volant et actionne la clé de contact. A la première sollicitation, le moteur se met à ronronner...
Les gens se débarrassent vraiment de n'importe quoi, de nos jours!, constate-t'il à haute voix, pour lui-même. Elle est comme neuve, cette tire!
Il enclenche la marche arrière et, habilement, en deux coups de volant, dégage la petite voiture des épaves qui achèvent tranquillement de rouiller.
Il la ramène devant son bureau, en descend en laissant tourner le moteur au ralenti et pénètre dans le chalet.
Il en ressort moins de cinq minutes plus tard, tenant en main un jeu de plaques d'immatriculation.
Vraisemblablement oublié un jour par son véritable propriétaire sur un des nombreux véhicules qui ont finis leurs vies chez lui.
Depuis les presque quinze ans qu'il conduit, Dorian n'a jamais de sa vie immatriculé une voiture légalement...
L'assurance? Tu oublies...
Tout comme un quelconque permis de conduire: Il n'a même jamais tenté de l'obtenir.
Aucun de ses frères non plus, d'ailleurs...
A suivre
Un petit souci perso m'a empêché de publier les épisodes de votre histoire, ces derniers jours.
En voici donc deux aujourd'hui.
Très bonne journée à toutes et tous et bonne lecture!
Episode 22
Une relation très spéciale est en train de se tisser sous leurs yeux...
-Tu as de la chance d'avoir une maman comme elle, reprend Magali, en se remettant à pleurer. Moi aussi, j'ai cru que j'avais une maman... Résultat? Regarde où j'en suis...
-Tu as connu ta maman quand tu étais petite fille, toi?, l'interroge innocemment Caroline.
-Ben, oui! Comme tout le monde...
-Pas comme tout le monde!, intervient Coraline. Ma fille et moi, nous nous connaissons depuis un peu plus de trois mois, seulement!
Magali, stupéfiée par ce qu'elle vient d'entendre, en oublie de pleurer.
-Trois mois? Comment est-ce possible?, demande-t'elle.
-Je vais te raconter mon histoire, fait Coraline. Après, tu comprendras par toi-même qu'il y a une vie après Villa Luna...
Elle va s'asseoir sur le lit et constate, amusée, qu'il ne comporte toujours ni draps ni couvertures...
Maria lui lance un clin-d'oeil complice.
-Viens près de moi, Magali!, lui intime Cora avec douceur, en tapotant du plat de la main le matelas, juste à côté d'elle. Caroline; viens t'installer à côté d'elle.
Les deux filles assises, Coraline débute son récit.
Magali l'écoute attentivement, recherchant de temps à autre une approbation dans les yeux de Caroline.
Pendant ce temps, la nouvelle du retour de Coraline et de sa fille à Villa Luna s'est répandue comme une traînée de poudre dans la maison.
Tout le personnel -et une bonne partie des pensionnaires- s'est précipité dans la chambre numéro dix pour y entendre le récit des retrouvailles mère et sa fille...
Et Cora parle, parle...
Magali boit littéralement ses paroles...
Caroline, dans un geste naturel, a pris sa main dans la sienne, sous le regard dubitatif de Maria.
Deux sœurs ne seraient pas plus proches!, pense-t'elle.
-Et voilà comment je suis là, près de toi, à te raconter ma vie, ma petite Magali!, termine Cora.
-Vous avez eu beaucoup de chance, malgré tout, fait celle-ci, à nouveau proche des larmes. Vous avez quand même eu votre bébé... Tandis que moi, achève-t'elle, dans un sanglot.
-C'est vrai!, reconnaît Coraline. Mais j'ai vécu plus de treize ans sans savoir qu'elle existait... J'ai cru qu'elle était partie définitivement...
-Et puis, votre maman...
-Tu peux me tutoyer, l'interrompt Cora. Nous sommes amies, maintenant.
-Merci!, dit-elle simplement. Ta maman est toujours là... Moi, je n'ai plus personne! Personne, hoquète-t'elle.
-Mais si, tu as quelqu'un!, reprend Coraline. Nous n'allons pas te laisser tomber Caro et moi... Pas vrai, Caro?
-Ah cela, certainement pas! Je viendrai te voir tous les jours, tant que je suis à Mallorca, fait-elle, d'un ton convaincu.
-Bien!, fait soudain Maria. Mesdemoiselles, Mesdames... Et si nous passions au salon? La chambre de Magali est un peu trop petite que pour contenir tant de monde.
-Quelle histoire!, fait Sophie, en entrainant Coraline par le bras. Et Pierre? Comment a-t'il pris l'arrivée de Caroline?
Avant qu'elle n'ait le temps de répondre: Betty, son ancienne « monitrice », comme elle l'appelait, l'a attrapée par l'autre bras et lui pose mille questions sur sa vie actuelle.
-Magali, tu viens avec nous au salon?, s'inquiète-t'elle, avant de franchir la porte, tout en s'efforçant de répondre aux diverses marques d'amitié que lui témoignent ses anciennes amies.
-Non, je préfère rester ici!, répond celle-ci, d'une voix morne.
-Moi, je reste aussi, maman!, déclare Caroline, d'une voix décidée.
-Pas de problème! Si vous changez d'avis, vous savez où nous trouver, toutes les deux!
Cinq minutes plus tard, dans la chambre redevenue calme, deux jeunes filles se ressemblant comme des sœurs, nues comme des vers de terre et s'en souciant comme d'une guigne, refont le monde à leur façon.
C'est la première fois, depuis le décès de son petit garçon, que Magali parvient à parler plus de deux minutes sans fondre en larmes...
Dans le grand salon, les conversations vont bon train et bien que Coraline réponde de bonne grâce aux questions qu'on lui pose, elle semble lointaine...
-Maria?, fait-elle, soudain, en se levant. Je peux te parler en privé?
-Mais...Je t'en prie! Viens: Allons dans mon bureau!
Coraline s'immobilise un bref instant en franchissant la porte de la pièce: Elle a tant de souvenirs dans ce local!
Elle se reprend bien vite.
-Voilà!, commence-t'elle, la mine soucieuse. Tu as raison: Magali ne va pas bien du tout! Il faut que je fasse quelque chose pour elle... Je ne sais pas t'expliquer pourquoi... J'ai l'impression que je le lui dois!
Alors qu'hier encore,j'ignorais jusqu'à son existence!,pense-t'elle, tout en parlant.
-Elle te rappelle un peu trop ta propre histoire, ma Cora: Voilà tout!, lui répond Maria.
-C'est possible, mais je ressens autre chose... Le même sentiment que quand j'ai retrouvé Caroline!, continue-t'elle.
Un long silence passe...que Maria coupe subitement.
-Toi, je te connais trop bien, ma fille!, fait-elle. Quand tu as cette tête là, c'est que tu as une idée biscornue dedans!
-Oui; j'ai une idée..., poursuit Cora, manifestement en proie à une profonde réflexion.
-Confie-la moi!, fait-elle, tout de go.
-Quoi?, s'exclame Maria. Tu es malade? Tu sais bien que je ne peux pas faire cela! Le règlement de Villa Luna...
-Oh, va au diable, avec ton règlement, Maria!, fait Coraline, énervée. C'est toi qui l'a écrit! On peut bien le contourner, pour une fois, non? Tu ne vois pas qu'elle s'éteint ici? Que tu cours à la catastrophe avec elle? Elle n'est pas moi... Elle ne s'en sortira pas si je ne l'aide pas...
-Je m'en rends bien compte, Cora! Qu'est-ce tu crois...
-Mais que vas-tu faire d'elle? La prendre avec toi une semaine? Deux? Et après? Tu vas me la ramener? Elle se sentira trahie une seconde fois! Comment réagira-t'elle? Tu as pensé à cela?
-Ecoute Maria, reprend Coraline. Je te dis que je ne sais pas pourquoi mais je sens que sa place est avec moi: Avec nous même!, devrai-je dire.
-Nous?, interroge Maria.
-Pierre, Caroline et moi, oui! Je le ressens comme une évidence...
-Bon! Admettons que je cède, dit Maria. Admettons seulement! Quand tu repartiras chez toi, en Belgique... Que comptes-tu en faire?
-Quelle question! L'emmener avec nous, bien sûr!, répond Coraline sans l'ombre d'une hésitation.
Si elle est d'accord, bien entendu!
-Et ses parents?, demande Maria. Tu as pensé à ses parents? Que vont-ils dire si jamais ils apprennent que j'ai laissé partir leur fille?
-Tu m'as dit toi-même qu'ils ne veulent plus rien avoir à faire avec elle... Il suffit de ne rien leur dire...A supposer qu'ils t'interrogent un jour! Une fois en Belgique, nous l'adopterons officiellement ou je la ferai émanciper!
-Tu es folle!, dit Maria, à bout d'arguments. Et Pierre? Comment va-t'il réagir?
-Pierre? Je t'assure bien que s'il était ici, il appuierait mon idée de toutes ses forces! Je le connais assez que pour savoir qu'il ne refusera pas de tendre la main à cette gamine désespérée...
-Soit!, cède Maria, dans un soupir. Tu me fais décidément faire n'importe quoi! Tu veux l'emmener quand?
-Quand? Mais...Immédiatement, bien sûr! J'ai trois chambres dans mon appartement d'El Arenal et, pour les vêtements, elle fait quasiment la même taille que Caroline... En dehors de tes hésitations, rien ne s'oppose à ce que je l'enlève d'ici tout de suite!
A suivre
Episode 23
-Tu es bien sûre de vouloir faire cela?, s'assure une dernière fois Maria. Tu réalises que tu vas devoir la traiter exactement de la même façon que tu traites ta propre fille?
Elle doit être scolarisée, nourrie, vêtue... Hébergée aussi! Tu te rends compte de ce qu'elle va te coûter? Et en Belgique, as-tu seulement assez de place que pour la loger décemment?
-Ne t'inquiète pas, Mamy Maria, fait Cora, utilisant le surnom qu'elle lui donnait autrefois: J'ai le coeur assez grand que pour y accueillir une dizaine de Magali, s'il le faut!
Elle reprend immédiatement:
-Pour l'argent, il n'y a aucun problème; rassures-toi! Je gagne confortablement ma vie... Et Pierre est devenu le PDG d'une multinationale...
-Quant au logement, achève t-elle, si tu voyais notre maison, en Belgique, tu éclaterais de rire rien que pour avoir posé la question.
-Je n'ai plus rien à ajouter!, fait Maria, à bout d'arguments. Je vais faire le nécessaire pour que l'argent de sa pension soit verser sur ton compte...
-Je viens de te dire que l'argent n'est pas un problème!, fait Cora. Garde ce que ses parents t'ont donné et utilise-le pour gâter un peu les autres pensionnaires!
-Nous sommes d'accord?, dit-elle encore.
-Il le faut bien! Comment veux-tu que je résiste à tes arguments?, lui réponds Maria, en soupirant.
-En ce cas, allons tout de suite leur annoncer la nouvelle!, termine Coraline.
Elles sortent du bureau et se dirigent tout droit vers la chambre 10.
Au fur et à mesure qu'elle s'en approchent, elles entendent distinctement deux rires hauts et clairs qui fusent, plein de joie.
-Tu as raison, Cora! La place de cette encore petite fille est avec vous!, admet Maria, avec un bon sourire.
En poussant la porte, elles les trouvent allongées côte-à-côte sur le lit, en grande discussion entre-coupée de rire.
Caroline se lève la première à l'entrée de sa maman.
-Nous devons déjà partir?, s'inquiète-t'elle.
-Il va être dix-neuf heure, Caro! Il est grand temps! Tu as déjà oublié que j'ai réservé une table chez « Le Belge » pour ce soir?
-Bon!, soupire Caroline. Je pourrai revenir demain, maman? Nous nous entendons vraiment bien Magali et moi et...
-Non, tu ne peux pas revenir demain!, la coupe Coraline. Je n'ai pas le temps de te conduire et tu ne sais pas venir toute seule ici...
-Alors quand?, demande encore Caroline pleine d'espoir. Après demain?
-Je crains fort que tu ne saches pas venir durant un bon moment!, continue Coraline, toujours sérieuse.
-Un... Un bon moment? Que veux-tu dire par là? Tu as dit toi-même que nous n'allions pas abandonner Magali...
-Oui, c'est vrai! J'ai dit cela... Qu'allons-nous bien pouvoir faire, alors?, reprend Coraline, avec un air soucieux.
Magali, en entendant le discours tenu par Coraline a blêmi. Manifestement, elle fait de gros efforts pour ne pas fondre en larmes, encore une fois.
-J'ai bien une vague idée..., continue Cora, avec un clin d'oeil complice en direction de Maria. Mais est-ce que Magali sera d'accord? Toute la question est là...
-D'accord?, fait celle-ci, étonnée. D'accord pourquoi faire?
-Pour venir vivre avec nous! Cela te tenterait?
-Ve... Venir vivre avec vous? Moi? Quand?
-Quand? Voyons... Quand? Tout de suite, par exemple!, dit Coraline, avec un grand sourire.
-Et comment!, répond Magali, toute envie de pleurer envolée.
-Et toi, Caroline? Tu es d'accord pour qu'elle vienne vivre avec nous? Et pas seulement ici, à Majorque! Tout le temps!
-Waouw! Super-méga-génial!, obtient-elle, en guise de réponse.
-Adjugé! Vendu à l'unanimité!, termine Cora.
Les deux jeunes filles poussent des cris de joie et se précipitent au cou de Cora.
-Merci, maman, fait Caroline.
-Merci, heu...Madame, fait Magali en écho.
-Toi, fait Coraline en prenant le plus possible l'air courroucé, si tu oses m'appeler « Madame » encore une fois, je ne te parle plus! Appelle-moi par mon prénom, voyons. Tu le trouves si moche?
-Oh, non! Non! Mada... Coraline!, termine Magali.
-Allez! Allez vous habiller toutes les deux: Nous sommes déjà en retard... Maria, tu as bien des vêtements pour cette demoiselle, non?
-A vrai dire, répond celle-ci, je me doutais bien que tu allais me faire un coup tordu comme celui que tu viens de me faire. J'ai déjà fait tout préparer pour le cas où, dans le vestiaire, avec vos affaires!
A dix-neuf heure quarante cinq, Coraline et ses deux filles quittent Villa Luna, sous le regard ému de Maria.
Sacrée Coraline!, pense-t'elle. Quand elle a une idée en tête, comme dit sa fille...
-Chapitre 6-
En se réveillant frais et dispos de sa longue sieste, Dorian constate, étonné, qu'il n'est que deux heures et demie de l'après-midi.
-Trop tôt que pour aller au café se soûler la tronche...Et trop tard que pour commencer un démontage quelconque..., juge-t'il.
En revanche, il ne serait pas contre une bonne petite partie de cartes avec ses frères...
Il quitte le bureau en baillant et en s'étirant pour se diriger vers la caravane, au fond du terrain.
Excepté de solides ronflements, il n'y règne aucun un bruit quand il y pénètre.
Ses trois frères sont affalés sur les banquettes, plus que probablement ivre-morts, si Dorian en juge par les deux bouteilles de whisky vides qu'il aperçoit par terre.
Il ressort du palais de la belle-au-bois dormant d'assez mauvaise humeur!
Cela vaut bien la peine d'avoir des frères: Jamais là quand on a besoin d'eux!, pense-t'il.
N'ayant rien d'autre à faire, il fait le tour de sa casse automobile, à pied, son chien sur les talons.
Il tombe en arrêt sur une Renault Clio grise, multi-soupapes qui a encore fière allure, malgré sa présence parmi les épaves diverses.
Lequel de mes frères a accepté cette voiture sans rien m'en dire? Oh; et après tout...Quelle importance?!
Mû par une impulsion soudaine, il y fait monter son chien, se glisse derrière le volant et actionne la clé de contact. A la première sollicitation, le moteur se met à ronronner...
Les gens se débarrassent vraiment de n'importe quoi, de nos jours!, constate-t'il à haute voix, pour lui-même. Elle est comme neuve, cette tire!
Il enclenche la marche arrière et, habilement, en deux coups de volant, dégage la petite voiture des épaves qui achèvent tranquillement de rouiller.
Il la ramène devant son bureau, en descend en laissant tourner le moteur au ralenti et pénètre dans le chalet.
Il en ressort moins de cinq minutes plus tard, tenant en main un jeu de plaques d'immatriculation.
Vraisemblablement oublié un jour par son véritable propriétaire sur un des nombreux véhicules qui ont finis leurs vies chez lui.
Depuis les presque quinze ans qu'il conduit, Dorian n'a jamais de sa vie immatriculé une voiture légalement...
L'assurance? Tu oublies...
Tout comme un quelconque permis de conduire: Il n'a même jamais tenté de l'obtenir.
Aucun de ses frères non plus, d'ailleurs...
A suivre
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