Coraline & Pierre: La vengeance de de Jarvaux d'Arbois. Episode 44.
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Coraline & Pierre: La vengeance de de Jarvaux d'Arbois. Episode 44.
Episode 44
Nous quittons le bar en formation « Delcampe », comme je viens à l'instant de la baptiser.
Nous marchons quatre de front!
Au centre, Cora et moi. Aux extérieurs: Caroline et Magali!
Chacune d' entre-elles serrées dans notre bras resté libre!
Nous ne formons plus qu'un seul bloc, soudé et uni par le même amour!
Ainsi, nous ne craignons rien ni personne!
Un photographe passant par là pourrait nous tirer le portrait sans apport de lumière, malgré la nuit tombée...
L'aura de félicité qui émane de nous rayonne tant qu'un cliché tiré de cette scène, ne pourrait être que parfait!
Attention le monde: La toute nouvelle famille Delcampe -MA famille- arrive...
Et elle a une soif de vivre inextinguible...!
Et plus rationnellement, ...une faim de loup!, dixit mes filles.
Direction: Le restaurant d'André!
-Chapitre 9-
Lundi le vingt-huit décembre, au début de l'après-midi, Marcel est assis à son bureau. Mentalement, il se repasse le film qu'il se fait des « aventures » de Pierre et de sa famille...
Pour la jeune Magali, cela a été facile, pense-t'il. Un coup de bol que la dame du magasin se soit souvenue de cette fille-mère et de « sa » petite fille...
Tout de même: Quel manipulateur ce de Jarvaux d'Arbois! Et quel sans-cœur!Abandonner ainsi fille et petite-fille à Villa Luna, sans jamais s'en inquiéter...
Enfin de ce côté-là, tout finit bien!
Mais pour le reste?
Il s'empare d'une feuille de papier, d'un stylo et commence à noter...
1-La première fois que Pierre se rend à son bureau, il y est accueilli comme l'ennemi public numéro un... Pourquoi?
2-Il se rend à l'aéroport et quand il en revient, sa future belle-mère a été agressée...
Que m'a-t'il dit d'autre encore? Ah, oui!
3-Il s'en est fallu de peu pour qu'il ne percute une camionnette Peugeot, jamais vue dans le quartier et qui circule tous feux éteints...
4-Le soir même, sa voiture brûle alors qu'il se trouve chez ses voisins...
Qui peut savoir que, justement ce soir-là, il n'est pas chez lui...
Et surtout que sa voiture, contrairement à l'habitude, est restée dehors...
Il a beau y réfléchir: Il ne trouve pas de réponses valables à ces différentes questions...
Je vais commencer par aller examiner l'épave de la Mercedes...
Qui sait? J'y trouverai peut-être l'un ou l'autre indice...
-Bonjour Monsieur!, fait-il, à quatorze heures, en poussant la porte du bureau du garage de Cédric. Je me présente: Marcel Dupont, détective privé. J'aimerai, si vous me le permettez, examiner l'épave de la voiture de Monsieur Delcampe...
-La voiture de Pierre? Vous arrivez trop tard: Je l'ai conduite à la fonderie ce matin même.
-Ah?, fait Marcel, étonné. Si vite? Pourquoi ne pas avoir attendu le camion de ramassage?
-Pourquoi?, répond Cédric. Parce-que je ne veux pas courir de risques inutiles!
-Je ne sais pas si c'est la présence de cette voiture carbonisée qui les a inspirés mais, figurez-vous que pas plus tard qu'hier soir, « on » a essayé de bouter le feu à mon atelier!
-Non?, fait Marcel, stupéfait.
-Si!, reprend Cédric. Et si Michel, mon ouvrier, ne faisait pas sortir son chien à ce moment-là...
Cela aurait été un beau carnage ici! Vous imaginez? Avec mes citernes d'essence?
-Ha oui! J' imagines sans peine! C'eut été une catastrophe!
-Je ne vous le fait pas dire! Aussi, avant qu'un autre malade ne recommence, j'ai préféré m' en débarrasser!, conclu Cédric. Pour ne pas tenter le diable !
-Comme je vous comprends! Bon, hé bien... En ce cas, je n'ai plus rien à faire ici! Bonne fin de journée!, termine Marcel. Et pardonnez-moi pour le dérangement...
-Si jamais un détail vous revient concernant la voiture..., dit-il encore, en tendant sa carte de visite.
-Je vous préviens immédiatement!, l'assure Cédric. Vous savez, Pierre est mon ami d'enfance et je lui dois beaucoup! Si je peux faire quoi que ce soit pour l'aider, je suis toujours prêt!
-Et bonne soirée à vous aussi!, termine-t'il, en lui serrant cordialement la main.
Rentré chez lui, Marcel, à nouveau installé à sa table de travail, reprend sa feuille...
A côté du poste numéro 4, il trace une flèche en direction de la phrase qu'il vient d'écrire: « Tentative d'incendie du Garage Aixam, à Braine... »
Quel peut bien être le dénominateur commun de tout cela?, cogite-t'il.
Il doit pourtant bien y en avoir un!? A moins que... Pierre est toujours le propriétaire des bâtiments de ce garage... De l'autre aussi, d'ailleurs... Est-ce que ce serait..?
5-Qui est vraiment visé dans cette tentative d'incendie? Pierre ou Cédric?, note-t'il.
Vers dix-sept heures trente, il remonte en voiture.
C'est l'heure où généralement, les gens rentrent chez eux après le boulot, raisonne-t'il.
Un voisin a peut-être, involontairement, remarqué quelque chose d'insolite ce soir-là...
Vingt minutes plus tard, il se gare au début de l'avenue où résident Coraline et Pierre, et s'éloigne à pas lent, comme un promeneur peu pressé.
Marcel a « des années de métier » derrière lui, comme on dit...
Est-ce à force de l'exercer ou avait-il déjà cette physionomie bonhomme étant plus jeune? Mystère!
Toujours est-il qu'il a l'art de ne jamais se faire remarquer...
Vous pourriez le croiser cinquante fois dans la rue; vous seriez bien incapable de le décrire!
Il n'est ni grand, ni petit... Ni gros, ni mince... Il se fond parfaitement dans le décor où il opère.
Il pourrait être votre voisin, un flâneur, un livreur...
Rien ne le distingue de la masse: C'est « Monsieur personne », cet homme là!
D'emblée, il inspire confiance...
Il s'en va, de son pas lent et tranquille, dans la nuit tombante.
Au numéro vingt-cinq de l'avenue, une dame relève le courrier de sa boîte à lettres.
-Bonsoir Madame!, fait-il, poliment, de sa voix douce. Il fait encore bon pour la saison, n'est-ce-pas?
-Bonsoir, Monsieur, répond-elle, aimable. Vous pouvez le dire: surtout si près de Noël...
-Dite?!, continue Marcel, vous pouvez peut-être m'aider?
-Avec plaisir! Que puis-je faire pour vous?
-Hé bien voilà, commence-t'il. Je suis détective privé et j'enquête sur ce qui s'est passé au numéro dix-sept, dans cette rue...
-Le 17?, le 17? Ha oui! La grosse maison, là, en contre-bas...
Il s'y est passé quelque chose dernièrement?
-Vous n'avez rien entendu? Rien remarqué d'inhabituel?, interroge Marcel.
-Heu... Non! Rien! Qu'est-il arrivé?, interroge la brave dame, avant de reprendre. Vous savez, nous ne nous connaissons pas entre voisins, sinon les immédiats... Tout le monde travaille en dehors la journée et le soir, chacun reste chez soi.
-Vous n'avez donc rien vu d'insolite le 17?
-Non! Le 17? C'était quel jour, cela, le 17?
-Un jeudi!, fait Marcel, sans montrer un quelconque signe d'impatience.
-Un jeudi... Un jeudi... Maintenant que vous m'y faite penser, si! Il y avait une camionnette grise garée ici même, un jeudi... Tôt le matin! Je ne me souviens plus si c'est le 17...mais c'était bien un jeudi! C'est le jour de ramassage des ordures et elle me gênait pour les sortir... J'ai été obligée la contourner! C'est pour cela que je m'en souviens...
Surtout que, quand je suis ressortie pour me rendre au travail, vers sept heure et demie, elle n'était plus là! C'était une Peugeot, je crois... Mais je n'y connais pas grand chose en voiture, vous savez! Elle m'a parue assez âgée et passablement rouillée...
Je ne l'avais jamais vue dans le quartier auparavant, cela, j'en suis bien sûre!
J'ai pensé qu'il s'agissait d'ouvriers venus faire un chantier ou l'autre dans le quartier...
-Cela arrive souvent, par ici!, se sent-elle obligée de préciser.
-Une vieille Peugeot grise, vous dites? Vitrée?, interroge encore Marcel.
-Vous n'avez pas vu ses occupants, par hasard?, fait-il encore.
-Non! Pas de vitres... Il me semble bien avoir aperçu quatre hommes qui s'en allaient par là, fait-elle, en désignant de la main le côté de la rue où se situe le numéro dix-sept, mais sans certitude. Il faisait noir, vous comprenez...
-Quatre hommes, vous dites?, fait Marcel, intéressé.
-Oui! Enfin, je crois! Mais je vous dis: Il faisait noir et je n'ai aperçu que des silhouettes... Je ne sais même pas s'ils venaient de cette camionnette ou non...
-Bonsoir, Mireille! Bonsoir Monsieur!, fait soudain une voix joviale derrière Marcel.
-Bonsoir Patrick!, répond l'interlocutrice de Marcel. Tu rentres seulement maintenant?, s'enquiert-elle, polie.
-Hé oui! Le train était encore en retard, comme toujours, termine-t'il, avec un léger sourire désabusé.
-Patrick Leroy, mon voisin, fait Mireille à l'adresse de Marcel.
-Tiens, Patrick...?, poursuit-elle. Tu n'as rien remarqué d'anormal non plus, toi, le 17?
-Le 17?, répond-il. C'était un...
-...Jeudi!, lui précise sa voisine.
-Jeudi?, jeudi..?, réfléchit Patrick.
-Non!, hésite-t'il. Enfin... Peut-être que... Mais je ne sais pas si cela vaut la peine de s'y attarder...
-Dites toujours, fait Marcel.
-Jeudi soir, vers dix-neuf heures trente... vingt heures, au plus tard, une Renault s'est garée juste devant chez moi...Un type d'une trentaine d'année en est sorti, avec un chien: Un Bernois qui aboyait tellement que j'ai été voir par ma fenêtre ce qu'il se passait...
-Vous avez vu le gars?, demande Marcel.
-Pas bien! Il faisait déjà noir... Pas très grand... Large d'épaules... Un bonnet de laine enfoncé bas sur le front... C'est tout ce que je peux en dire, malheureusement.
-Et la voiture?, continue Marcel. Vous l'aviez déjà vue dans le quartier?
-Jamais!, répond l'homme.
-Elle ressemblait à quoi?, reprend Marcel. Vous pouvez me la décrire?
-Elle était grise clair, avec une antenne sur le toit... Un vieux modèle de six ou dix ans, par là... A part cela... Mais pourquoi ces questions? Que s'est-il passé, exactement?
-Le matin de ce dix-sept, reprend Marcel, une dame s'est fait agresser chez elle, là plus loin, et le même soir, la voiture garée devant la maison a entièrement brûlé!
Les deux voisins échangent un regard horrifié.
-Mon Dieu!, fait Mireille. Agressée? C'est grave? Elle va bien?
-Si c'est pas malheureux! Et dans notre quartier! Un coin d'ordinaire si tranquille..., complète Patrick.
-Elle s'en remettra!, fait Marcel, rassurant. Mais elle a eu peur. Très peur!
-Cela, je peux le concevoir sans peine!, surenchérit Mireille. La pauvre...
-Et dire que nous n'avons rien vu! Rien entendu!, dit encore Monsieur Leroy. Même l'incendie de la voiture! Maintenant que vous m'y faites penser, c'est vrai que je crois me souvenir d'une vague odeur de caoutchouc brûlé, un matin...
-Hé bien... Merci beaucoup pour votre aide, à tous les deux!, conclut le détective.
-Si jamais il vous revient quelque chose..., dit Marcel, en tendant sa carte à chacun d'eux.
-Comptez sur nous! Nous vous téléphonerons si jamais le moindre souvenir nous revient...
-Merci bien! Et passez une bonne soirée!, fait encore Marcel, avant de regagner sa voiture, de son pas lent.
Le même soir, assis à son bureau, il reprend sa feuille de papier: son « chemin de réflexions », comme il l'appelle.
La moisson n'est pas mauvaise...
Point 6: Deux témoins qui me parlent de véhicules qu'ils n'ont jamais vus dans le quartier auparavant: Une camionnette Peugeot grise et une Renault conduite par un type qui possède un chien......
Et surtout de quatre hommes...
Qui sont ces personnes? Pourquoi sont-elles venues là?
La camionnette est certainement celle qui a failli emboutir Pierre quand il rentrait de l'aéroport...
Pourquoi roulait-elle tous feux éteints?
Distraction de son chauffeur ou volonté délibérée de ne pas se faire voir?
Et le type au chien? Que vient-il faire là-dedans? Qui est-il?
Quel nom m'as dit Pierre? Delco? Curieux nom pour un clebs...
Son maître travaille peut-être dans la mécanique automobile...
En tout cas, une chose est sûre: Il se passe deux faits graves chez Pierre et, les deux fois, il y a dans la rue, près de sa maison, un véhicule que les voisins ne connaissent pas!
Bref, si je résume..., se dit Marcel, en écrivant sur une nouvelle feuille:
1-Pierre est accueilli comme l'ennemi public numéro un à son premier jour de travail...
2-Sa future belle-mère est agressée chez elle...
3-Sa voiture brûle...
4-On tente d'incendier son ancien garage dont il est toujours propriétaire des murs...
Conclusion: Pas de doute possible! On lui en veut personnellement!
Et pour savoir quand il arrive à son bureau ou quand il n'est pas chez lui...
C'est que quelqu'un le surveille... Qui? Pourquoi?
Tant qu'il est au loin, il ne risque pas grand-chose! Mais à son retour...
Il faut que je le prévienne...
****
Toute la journée du jeudi, les filles sont excitées comme des puces à la perspective de la soirée à venir.
Le matin même, elles m'ont encore « tapées » de quelques sous: Elles n'ont, paraît-il, aucune robe convenable à se mettre pour une telle occasion.
Je soupçonne Coraline de les avoir « un peu » confortée dans cette idée car sitôt qu'elles ont manifestés leur intention de se rendre dans un magasin connu de la région pour ses robes de soirée, elle s'est proposée d'emblée pour les y conduire!
Revenues de leurs emplettes vers quatorze heures, elles m'ont proprement flanqué à la porte de l'appartement!
-Surprise!, ont-elles seulement annoncé, en guise de justificatif.
-Interdiction formelle de revenir avant dix-sept heures trente, m'a ordonné Cora. Va faire un tour!
Voilà pourquoi je suis installé tout seul dans un salon de l'hôtel Condor, en train de me relire distraitement un bon vieux San-Antonio!
Le coup de téléphone que Marcel m'a passé ce matin me trotte dans la tête: Je suis surveillé, d'après lui! Je dois me méfier, lors de mon retour en Belgique...
Je n'ai pourtant rien remarqué de spécial, songe-je, tout en essayant de suivre l'intrigue de mon livre.
Enfin, tant pis! L' heure du réveillon approche... Je suis en vacances... Il sera toujours temps de m'inquiéter une fois rentré en Belgique!
A suivre
Nous quittons le bar en formation « Delcampe », comme je viens à l'instant de la baptiser.
Nous marchons quatre de front!
Au centre, Cora et moi. Aux extérieurs: Caroline et Magali!
Chacune d' entre-elles serrées dans notre bras resté libre!
Nous ne formons plus qu'un seul bloc, soudé et uni par le même amour!
Ainsi, nous ne craignons rien ni personne!
Un photographe passant par là pourrait nous tirer le portrait sans apport de lumière, malgré la nuit tombée...
L'aura de félicité qui émane de nous rayonne tant qu'un cliché tiré de cette scène, ne pourrait être que parfait!
Attention le monde: La toute nouvelle famille Delcampe -MA famille- arrive...
Et elle a une soif de vivre inextinguible...!
Et plus rationnellement, ...une faim de loup!, dixit mes filles.
Direction: Le restaurant d'André!
-Chapitre 9-
Lundi le vingt-huit décembre, au début de l'après-midi, Marcel est assis à son bureau. Mentalement, il se repasse le film qu'il se fait des « aventures » de Pierre et de sa famille...
Pour la jeune Magali, cela a été facile, pense-t'il. Un coup de bol que la dame du magasin se soit souvenue de cette fille-mère et de « sa » petite fille...
Tout de même: Quel manipulateur ce de Jarvaux d'Arbois! Et quel sans-cœur!Abandonner ainsi fille et petite-fille à Villa Luna, sans jamais s'en inquiéter...
Enfin de ce côté-là, tout finit bien!
Mais pour le reste?
Il s'empare d'une feuille de papier, d'un stylo et commence à noter...
1-La première fois que Pierre se rend à son bureau, il y est accueilli comme l'ennemi public numéro un... Pourquoi?
2-Il se rend à l'aéroport et quand il en revient, sa future belle-mère a été agressée...
Que m'a-t'il dit d'autre encore? Ah, oui!
3-Il s'en est fallu de peu pour qu'il ne percute une camionnette Peugeot, jamais vue dans le quartier et qui circule tous feux éteints...
4-Le soir même, sa voiture brûle alors qu'il se trouve chez ses voisins...
Qui peut savoir que, justement ce soir-là, il n'est pas chez lui...
Et surtout que sa voiture, contrairement à l'habitude, est restée dehors...
Il a beau y réfléchir: Il ne trouve pas de réponses valables à ces différentes questions...
Je vais commencer par aller examiner l'épave de la Mercedes...
Qui sait? J'y trouverai peut-être l'un ou l'autre indice...
-Bonjour Monsieur!, fait-il, à quatorze heures, en poussant la porte du bureau du garage de Cédric. Je me présente: Marcel Dupont, détective privé. J'aimerai, si vous me le permettez, examiner l'épave de la voiture de Monsieur Delcampe...
-La voiture de Pierre? Vous arrivez trop tard: Je l'ai conduite à la fonderie ce matin même.
-Ah?, fait Marcel, étonné. Si vite? Pourquoi ne pas avoir attendu le camion de ramassage?
-Pourquoi?, répond Cédric. Parce-que je ne veux pas courir de risques inutiles!
-Je ne sais pas si c'est la présence de cette voiture carbonisée qui les a inspirés mais, figurez-vous que pas plus tard qu'hier soir, « on » a essayé de bouter le feu à mon atelier!
-Non?, fait Marcel, stupéfait.
-Si!, reprend Cédric. Et si Michel, mon ouvrier, ne faisait pas sortir son chien à ce moment-là...
Cela aurait été un beau carnage ici! Vous imaginez? Avec mes citernes d'essence?
-Ha oui! J' imagines sans peine! C'eut été une catastrophe!
-Je ne vous le fait pas dire! Aussi, avant qu'un autre malade ne recommence, j'ai préféré m' en débarrasser!, conclu Cédric. Pour ne pas tenter le diable !
-Comme je vous comprends! Bon, hé bien... En ce cas, je n'ai plus rien à faire ici! Bonne fin de journée!, termine Marcel. Et pardonnez-moi pour le dérangement...
-Si jamais un détail vous revient concernant la voiture..., dit-il encore, en tendant sa carte de visite.
-Je vous préviens immédiatement!, l'assure Cédric. Vous savez, Pierre est mon ami d'enfance et je lui dois beaucoup! Si je peux faire quoi que ce soit pour l'aider, je suis toujours prêt!
-Et bonne soirée à vous aussi!, termine-t'il, en lui serrant cordialement la main.
Rentré chez lui, Marcel, à nouveau installé à sa table de travail, reprend sa feuille...
A côté du poste numéro 4, il trace une flèche en direction de la phrase qu'il vient d'écrire: « Tentative d'incendie du Garage Aixam, à Braine... »
Quel peut bien être le dénominateur commun de tout cela?, cogite-t'il.
Il doit pourtant bien y en avoir un!? A moins que... Pierre est toujours le propriétaire des bâtiments de ce garage... De l'autre aussi, d'ailleurs... Est-ce que ce serait..?
5-Qui est vraiment visé dans cette tentative d'incendie? Pierre ou Cédric?, note-t'il.
Vers dix-sept heures trente, il remonte en voiture.
C'est l'heure où généralement, les gens rentrent chez eux après le boulot, raisonne-t'il.
Un voisin a peut-être, involontairement, remarqué quelque chose d'insolite ce soir-là...
Vingt minutes plus tard, il se gare au début de l'avenue où résident Coraline et Pierre, et s'éloigne à pas lent, comme un promeneur peu pressé.
Marcel a « des années de métier » derrière lui, comme on dit...
Est-ce à force de l'exercer ou avait-il déjà cette physionomie bonhomme étant plus jeune? Mystère!
Toujours est-il qu'il a l'art de ne jamais se faire remarquer...
Vous pourriez le croiser cinquante fois dans la rue; vous seriez bien incapable de le décrire!
Il n'est ni grand, ni petit... Ni gros, ni mince... Il se fond parfaitement dans le décor où il opère.
Il pourrait être votre voisin, un flâneur, un livreur...
Rien ne le distingue de la masse: C'est « Monsieur personne », cet homme là!
D'emblée, il inspire confiance...
Il s'en va, de son pas lent et tranquille, dans la nuit tombante.
Au numéro vingt-cinq de l'avenue, une dame relève le courrier de sa boîte à lettres.
-Bonsoir Madame!, fait-il, poliment, de sa voix douce. Il fait encore bon pour la saison, n'est-ce-pas?
-Bonsoir, Monsieur, répond-elle, aimable. Vous pouvez le dire: surtout si près de Noël...
-Dite?!, continue Marcel, vous pouvez peut-être m'aider?
-Avec plaisir! Que puis-je faire pour vous?
-Hé bien voilà, commence-t'il. Je suis détective privé et j'enquête sur ce qui s'est passé au numéro dix-sept, dans cette rue...
-Le 17?, le 17? Ha oui! La grosse maison, là, en contre-bas...
Il s'y est passé quelque chose dernièrement?
-Vous n'avez rien entendu? Rien remarqué d'inhabituel?, interroge Marcel.
-Heu... Non! Rien! Qu'est-il arrivé?, interroge la brave dame, avant de reprendre. Vous savez, nous ne nous connaissons pas entre voisins, sinon les immédiats... Tout le monde travaille en dehors la journée et le soir, chacun reste chez soi.
-Vous n'avez donc rien vu d'insolite le 17?
-Non! Le 17? C'était quel jour, cela, le 17?
-Un jeudi!, fait Marcel, sans montrer un quelconque signe d'impatience.
-Un jeudi... Un jeudi... Maintenant que vous m'y faite penser, si! Il y avait une camionnette grise garée ici même, un jeudi... Tôt le matin! Je ne me souviens plus si c'est le 17...mais c'était bien un jeudi! C'est le jour de ramassage des ordures et elle me gênait pour les sortir... J'ai été obligée la contourner! C'est pour cela que je m'en souviens...
Surtout que, quand je suis ressortie pour me rendre au travail, vers sept heure et demie, elle n'était plus là! C'était une Peugeot, je crois... Mais je n'y connais pas grand chose en voiture, vous savez! Elle m'a parue assez âgée et passablement rouillée...
Je ne l'avais jamais vue dans le quartier auparavant, cela, j'en suis bien sûre!
J'ai pensé qu'il s'agissait d'ouvriers venus faire un chantier ou l'autre dans le quartier...
-Cela arrive souvent, par ici!, se sent-elle obligée de préciser.
-Une vieille Peugeot grise, vous dites? Vitrée?, interroge encore Marcel.
-Vous n'avez pas vu ses occupants, par hasard?, fait-il encore.
-Non! Pas de vitres... Il me semble bien avoir aperçu quatre hommes qui s'en allaient par là, fait-elle, en désignant de la main le côté de la rue où se situe le numéro dix-sept, mais sans certitude. Il faisait noir, vous comprenez...
-Quatre hommes, vous dites?, fait Marcel, intéressé.
-Oui! Enfin, je crois! Mais je vous dis: Il faisait noir et je n'ai aperçu que des silhouettes... Je ne sais même pas s'ils venaient de cette camionnette ou non...
-Bonsoir, Mireille! Bonsoir Monsieur!, fait soudain une voix joviale derrière Marcel.
-Bonsoir Patrick!, répond l'interlocutrice de Marcel. Tu rentres seulement maintenant?, s'enquiert-elle, polie.
-Hé oui! Le train était encore en retard, comme toujours, termine-t'il, avec un léger sourire désabusé.
-Patrick Leroy, mon voisin, fait Mireille à l'adresse de Marcel.
-Tiens, Patrick...?, poursuit-elle. Tu n'as rien remarqué d'anormal non plus, toi, le 17?
-Le 17?, répond-il. C'était un...
-...Jeudi!, lui précise sa voisine.
-Jeudi?, jeudi..?, réfléchit Patrick.
-Non!, hésite-t'il. Enfin... Peut-être que... Mais je ne sais pas si cela vaut la peine de s'y attarder...
-Dites toujours, fait Marcel.
-Jeudi soir, vers dix-neuf heures trente... vingt heures, au plus tard, une Renault s'est garée juste devant chez moi...Un type d'une trentaine d'année en est sorti, avec un chien: Un Bernois qui aboyait tellement que j'ai été voir par ma fenêtre ce qu'il se passait...
-Vous avez vu le gars?, demande Marcel.
-Pas bien! Il faisait déjà noir... Pas très grand... Large d'épaules... Un bonnet de laine enfoncé bas sur le front... C'est tout ce que je peux en dire, malheureusement.
-Et la voiture?, continue Marcel. Vous l'aviez déjà vue dans le quartier?
-Jamais!, répond l'homme.
-Elle ressemblait à quoi?, reprend Marcel. Vous pouvez me la décrire?
-Elle était grise clair, avec une antenne sur le toit... Un vieux modèle de six ou dix ans, par là... A part cela... Mais pourquoi ces questions? Que s'est-il passé, exactement?
-Le matin de ce dix-sept, reprend Marcel, une dame s'est fait agresser chez elle, là plus loin, et le même soir, la voiture garée devant la maison a entièrement brûlé!
Les deux voisins échangent un regard horrifié.
-Mon Dieu!, fait Mireille. Agressée? C'est grave? Elle va bien?
-Si c'est pas malheureux! Et dans notre quartier! Un coin d'ordinaire si tranquille..., complète Patrick.
-Elle s'en remettra!, fait Marcel, rassurant. Mais elle a eu peur. Très peur!
-Cela, je peux le concevoir sans peine!, surenchérit Mireille. La pauvre...
-Et dire que nous n'avons rien vu! Rien entendu!, dit encore Monsieur Leroy. Même l'incendie de la voiture! Maintenant que vous m'y faites penser, c'est vrai que je crois me souvenir d'une vague odeur de caoutchouc brûlé, un matin...
-Hé bien... Merci beaucoup pour votre aide, à tous les deux!, conclut le détective.
-Si jamais il vous revient quelque chose..., dit Marcel, en tendant sa carte à chacun d'eux.
-Comptez sur nous! Nous vous téléphonerons si jamais le moindre souvenir nous revient...
-Merci bien! Et passez une bonne soirée!, fait encore Marcel, avant de regagner sa voiture, de son pas lent.
Le même soir, assis à son bureau, il reprend sa feuille de papier: son « chemin de réflexions », comme il l'appelle.
La moisson n'est pas mauvaise...
Point 6: Deux témoins qui me parlent de véhicules qu'ils n'ont jamais vus dans le quartier auparavant: Une camionnette Peugeot grise et une Renault conduite par un type qui possède un chien......
Et surtout de quatre hommes...
Qui sont ces personnes? Pourquoi sont-elles venues là?
La camionnette est certainement celle qui a failli emboutir Pierre quand il rentrait de l'aéroport...
Pourquoi roulait-elle tous feux éteints?
Distraction de son chauffeur ou volonté délibérée de ne pas se faire voir?
Et le type au chien? Que vient-il faire là-dedans? Qui est-il?
Quel nom m'as dit Pierre? Delco? Curieux nom pour un clebs...
Son maître travaille peut-être dans la mécanique automobile...
En tout cas, une chose est sûre: Il se passe deux faits graves chez Pierre et, les deux fois, il y a dans la rue, près de sa maison, un véhicule que les voisins ne connaissent pas!
Bref, si je résume..., se dit Marcel, en écrivant sur une nouvelle feuille:
1-Pierre est accueilli comme l'ennemi public numéro un à son premier jour de travail...
2-Sa future belle-mère est agressée chez elle...
3-Sa voiture brûle...
4-On tente d'incendier son ancien garage dont il est toujours propriétaire des murs...
Conclusion: Pas de doute possible! On lui en veut personnellement!
Et pour savoir quand il arrive à son bureau ou quand il n'est pas chez lui...
C'est que quelqu'un le surveille... Qui? Pourquoi?
Tant qu'il est au loin, il ne risque pas grand-chose! Mais à son retour...
Il faut que je le prévienne...
****
Toute la journée du jeudi, les filles sont excitées comme des puces à la perspective de la soirée à venir.
Le matin même, elles m'ont encore « tapées » de quelques sous: Elles n'ont, paraît-il, aucune robe convenable à se mettre pour une telle occasion.
Je soupçonne Coraline de les avoir « un peu » confortée dans cette idée car sitôt qu'elles ont manifestés leur intention de se rendre dans un magasin connu de la région pour ses robes de soirée, elle s'est proposée d'emblée pour les y conduire!
Revenues de leurs emplettes vers quatorze heures, elles m'ont proprement flanqué à la porte de l'appartement!
-Surprise!, ont-elles seulement annoncé, en guise de justificatif.
-Interdiction formelle de revenir avant dix-sept heures trente, m'a ordonné Cora. Va faire un tour!
Voilà pourquoi je suis installé tout seul dans un salon de l'hôtel Condor, en train de me relire distraitement un bon vieux San-Antonio!
Le coup de téléphone que Marcel m'a passé ce matin me trotte dans la tête: Je suis surveillé, d'après lui! Je dois me méfier, lors de mon retour en Belgique...
Je n'ai pourtant rien remarqué de spécial, songe-je, tout en essayant de suivre l'intrigue de mon livre.
Enfin, tant pis! L' heure du réveillon approche... Je suis en vacances... Il sera toujours temps de m'inquiéter une fois rentré en Belgique!
A suivre
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