Coraline & Pierre: La vengeance de de Jarvaux d'Arbois. Episode 35,36,37.
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Coraline & Pierre: La vengeance de de Jarvaux d'Arbois. Episode 35,36,37.
Episode 35
Nous les retrouvons moins de dix minutes plus tard, tranquillement occupées à disputer une partie d'échecs dans un des salons.
En m'approchant d'elles, j'ai l'occasion d'observer Magali plus en détails; elle est vraiment la réplique exacte de Caro! Seuls ses yeux sont beaucoup plus foncés que ceux de ma fille...
Ah? Et de près, elle semble légèrement plus mince...
Pourtant notre Caroline est très loin d'être grassouillette.
-Mesdemoiselles... Votre attention s'il-vous-plait!, fait Coraline en imitant comme elle le peut -c'est-à-dire mal- l'enchanteur Merlin dans le dessin animé de Walt Disney.
Elles lèvent la tête simultanément.
C'est inouï!, me dis-je. J'ai l'impression de voir Caroline dans un miroir...
-Comme vous le savez sans doute, continue-t'elle, ce soir c'est le réveillon de Noël...
-Malheureusement, reprend-elle, je n'ai pas eu le temps de m'occuper des cadeaux. Je ne pouvais
pas deviner que nous serions cinq au lieu de trois et je n'en ai pas pour tout le monde! Je propose donc que nous sortions tous ensembles pour terminer les achats!
-Crédits illimités, les filles!, complète-je, en riant.
Il ne faut pas le leur répéter deux fois: En moins de temps qu'il ne m'en faut pour l'écrire, nous nous retrouvons dans la rue, devant l'hôtel.
-Par où commençons-nous, les Miss?, s'informe Cora.
Le premier magasin choisi par les filles, est -Qui l'eût cru?- un magasin de fringues, « Dimoda », pour ne pas le citer, situé en bordure de plage.
Caroline s'y sent d'emblée à l'aise et se sert dans les différents rayons, Magali sur les talons.
Elles arrivent devant les cabines d'essayage et je remarque que si Caroline a les bras surchargés de vêtements en tous genres, Magali, elle, n'apporte rien.
-Eh bien, Magali?, fais-je, surpris. Rien ne te plaît?
-Si, si, Monsieur! Tout me plaît! Mais...heu... Je..., bafouille-t'elle. Je mettrai ce que votre f... Heu...Caroline achète!
-Alors là, ma petite Magali, si tu veux que l'on deviennent des amis tout les deux, tu oublies premièrement et immédiatement le « Monsieur » dont tu viens de me gratifier,. Je m'appelle Pierre! Et deuxièmement, tu me tutoies..., termine-je, en lui offrant mon sourire number one, celui des week-ends et jours fériés. (Petit clin d'oeil à un de mes auteurs préférés: Frédéric Dard!)
-Pourquoi ne te sers-tu pas, alors?, reprend-je, intrigué.
-C'est que... Tout cela coûte très cher et...je n'ai pas le moindre sou!, fait-elle, en rougissant.
-Tu as entendu ce que j'ai dit en sortant de l'hôtel? « Crédits illimités, LES filles! », dis-je, en insistant sur « les ». C'est valable pour toi aussi, qu'est-ce que tu crois!, fais-je avec un clin d'oeil en direction de Cora.
Elle a une réaction qui me sidère: Au lieu de sauter de joie comme le ferait, je le suppose, toute adolescente de son âge... elle fond en larmes!
Immédiatement, Coraline se précipite, suivie de notre fille qui a laissé tomber tout ce qu'elle tenait en main.
-Hé bien, hé bien.. Qu'est-ce qui t'arrive?, font-elles ensembles, d'une voix douce.
-Vous...Vous êtes tellement gentils avec moi..., sanglote-t'elle.
-Gentils? Non! Nous t'aimons déjà, c'est tout!, m'entend-je dire. Tu es un peu notre deuxième fille...Va te servir, maintenant et ne regarde pas au prix. Prend tout ce dont tu as envie!
-Je... Vous..., commence-t'elle.
-Hop, hop, hop! File!, fais-je, en prenant un air bourru. J'aimerai bien réveillonner à l'appartement ce soir. Pas dans l'un ou l'autre magasin!
Il est plus de vingt heures quand nous rentrons au Condor, les bras chargés de paquets divers.
Cela m'apprendra à leur proposer un crédit illimité!, songe-je, amusé, en les contemplant avec amour, toutes les trois.
Coraline, en bonne directrice qui se respecte, a tenu à se rendre compte par elle-même que tout était fin prêt pour le réveillon de sa clientèle.
-J'espère, nous a-t'elle dit, que vous ne vouliez pas restés ici pour la fête. Pour notre premier Noël ensembles, j'ai préféré faire cela chez nous...
-Et tu as très bien fait, la rassure-je. Tu sais bien que rien ne me plait plus que d'être en famille...
Après l'apéritif promis au bar de Pedro, nous rentrons enfin chez nous ou plutôt chez Coraline.
Au moment où Pedro a salué Dominique, il me semble que leurs mains sont restées en contact plus longtemps que nécessaire... Que leurs yeux se sont cherchés ...et trouvés!
Mais ce n'est peut-être qu'une impression!
A vingt-deux heures, nous débutons les agapes concoctées par Cora pour cette grande nuit.
Tout le monde s'avère enchanté par ses cadeaux...
Dominique et Magali sont, de loin, les plus émues d'entre-nous quatre...
-Notre premier réveillon en famille, conclue-je. Et soyez bien sûres, mes chéries, que ce ne sera pas le dernier!
Quand, vers les trois heures du mat', les filles, presque immédiatement suivie de Dominique
décrètent « qu'elles n'en peuvent plus et qu'elles vont se coucher », Cora et moi, mentalement, poussons un « ouf » de soulagement. Enfin seuls!
L'amour de ma vie vient s'installer sur mes genoux, comme elle fait presque chaque jour, quand nous sommes seuls, en Belgique.
Nous discutons encore un petit moment de cette première fête de Noël passée ensembles, puis, bien vite, nous trouvons un sujet de discussion plus intime... Qui ne nécessite aucun mot, celui-là!
En la portant dans notre chambre, entre deux baisers, j'ai eu le temps de lui dire que j'avais encore un petit cadeau pour elle, à la maison.
Ensuite...
Nous avons fêté Noël dignement, à deux!
Je peux seulement vous dire, sans entrer dans les détails -si j'ose m'exprimer ainsi- que cette nuit, le petit Jésus à souvent retrouver, à sa plus grande joie, le chemin de sa crèche...
-Chapitre 8-
-Je sais bien que nous sommes en période de Noël, fait Hubert. Je m'assure simplement que vous ne perdez pas notre petit... arrangement de vue!
-Nous ne perdons rien du tout de vue!, rétorque Dorian, à l'autre bout du téléphone. Mais ils sont tous partis! Et la maison, même vide, avec tous ces systèmes d'alarme sophistiqués est inattaquable!
Pour cela, il n'a pas tort, pense Hubert. C'est moi qui les ai fait installer! Une fois enclenchés, personne ne peux s'approcher sans être détecté dans les secondes qui suivent... Et comme une de ces alarmes est directement reliée au commissariat... mieux vaut ne pas s'y aventurer!
-Pour la maison, je suis d'accord!, fait Hubert. N'y touchez pas: C'est vraiment trop dangereux!
Par contre, au cas où vous l'ignoreriez, mon excellent ami Pierre possède encore les bâtiments d'un garage de Braine-l'alleud, d'un autre à Pont-du-Roy et même...des parents, dans ce village!
Enfin, je vous dis cela.... A vous de voir!
-Et n'oubliez pas, mon jeune ami... Une prime à chaque accident!
Dorian raccroche, pensif, puis, fixant ses frères:
-Bon! Les gars, Monsieur Henri, le boss, vient de me donner quelques idées...
-Max!, reprend-il. Regarde sur une carte où cela s'trouve Pont-du-Roy...
-Marc, Jaco! Prenez une caisse!, continue-t'il. Vous allez à Braine-l'alleud reconnaître les parages de l'ancien garage de ce Pierre. A vous de décider quoi faire avec ensuite: Vous avez carte blanche!
-Pont-du-Roy, fait Max, en désignant de son index sale un point sur la carte. Regarde, c'est ici: Entre Namur et Charleroi!
-Allez, go! On y va! A ce soir, les mecs!
C'est ainsi qu'en ce premier dimanche après Noël, Jésus prit le pain et...
Qu'est-ce que je raconte, là moi? Mille pardons! Une crise mystique! Cela ne se reproduira plus!
Ce dimanche après Noël, disais-je, vers dix heures, la Renault de Dorian file bon train sur l'autoroute des Ardennes tandis que, à allure plus raisonnable -radars obligent-, une Peugeot 205 bleue nuit -autre rescapée de mitraille, comme on qualifie ce genre de véhicule- se dirige vers Braine-l'alleud.
A suivre
Episode 36
-Le garage Aixam... Voilà! C'est ici, fait Jaco, en désignant le bâtiment devant lequel Marc vient de se garer.
-Regarde!, fait ce dernier. L'épave de la Mercedes que Dorian a fait flamber est là, derrière...
-On pourrait peut-être harmoniser l'ensemble avec la Mercedes?, continue Jaco, un sourire mauvais aux lèvres.
-Très bonne idée! Nous sommes dimanche...Il n'y a personne... Et avec les pompes à essence qu'il y a ici devant, cela devrait nous faire un solide feu de joie!, lui répond son frère, avec le même sourire.
-Nous reviendrons plus tard!, continue Marc. Quand il fera noir... On va un peu éclairer tout cela! En attendant, retournons à Grand-Sart : On a besoin d'un peu de matos!
-Pont-du-Roy, prochaine sortie!, annonce Max. Que va-t'on y faire, au juste?
-'Sais pas!, fait Dorian, laconique. 'Faudra improviser! On trouvera bien!
Ils roulent encore quelques centaines de mètres avant de parvenir à la place du village, entourée de ses marronniers et de ses bancs de bois peints en vert.
Elle est totalement déserte, par ce froid début d'après-midi. Tous les commerces alentour sont fermés sauf le bistrot, sur la vitrine duquel s'étale en grosses lettres: Café du Centre.
-Café du Centre! Quelle originalité! Je parie qu'il est le seul à cinq kilomètres à la ronde, ricane Max.
-Qu'est-ce qu'on fait?, continue-t'il.
-On ne sais même pas ce qu'on cherche!, constate Dorian, à haute voix, comme pour lui-même. Le mieux, c'est d'aller boire un verre en laissant traîner nos oreilles... On apprendra peut-être quelque chose d' intéressant!
Il gare la Clio devant le petit café puis, l'un suivant l'autre, ils y entrent, d'un pas décidé.
-Une bouteille de vin rouge et deux verres!, fait d'emblée Dorian en s'installant à la table la plus proche du bar.
Un instant toutes les conversations s'arrêtent et les visages de la vingtaine d'hommes présents se tournent vers eux: C'est que des touristes à Pont, en plein hiver, c'est assez rare!
Mais après quelques secondes, plus personne ne fait attention à eux.
Les conversations reprennent, bon train.
-Tu viens la semaine prochaine pour le tournoi de cartes, chez Jean-Marc?, entend dire Dorian par un grand gaillard vêtu d'une chemise à carreaux à un autre, plus petit, assis à deux tables d'eux.
-Jean-Marc? Quel Jean-Marc, répond l'autre. Où?
-Ben, t'as oublié? Au garage, sur la grand-route!
Dorian est toute ouïe. Un garage? C'est peut-être celui qu'il cherche... Il fait un signe discret à son frère pour l'inciter à écouter, lui aussi.
-Quel garage?, continue le plus petit.
-Mais... D'où qu'tu sors, toi? L'ancien garage du petit Pierre, tin! L'Jean-Marc l'a suffisamment
annoncé qui'f'rait un tournoi de cartes spécialement pour c'te nouvelle année...
Devant la mine perplexe de son interlocuteur, le plus grand se voit obligé de préciser:
-Enfin!, L'petit Pierre! Tu vois quand même qui c'est, non? L'Viking, qu'on l'appelait...
-Haaa! Ce Pierre là! Et tu l'appelles le petit Pierre! Un gaillard bâti comme une armoire comme lui!
Dorian et Max ont les oreilles grandes ouvertes...
-Ben, reprend le plus grand. C't'un p'tit gars d'chez nous! J'lai connu tout p'tiot, moi, le p'tit Pierre!
Me d'mande c'qu'il est dev'nu... On l'voit plus depuis un moment! 'Faudra qu'je d'mande à s' pa, tins...
-Ah? Tu connais aussi son père?, fait l'autre.
-Ah, bi sûr cela! Qui n'connais pas Jacques Delcampe? Le terrassier! Cela t'dis rien? Un type que même son Pierre de fils a l'air d'un gringalet à côté...
-Jacques? Oui, maintenant que tu me le rappelles... Je le connais! Y'a aussi bien longtemps qu'on n'le voit plus! Où c'qui d'meure cor, lé? (Où habite-t'il encore, lui?)
-La dernière maison, à gauche, dans la petite rue de la Vallée... Tu vois? Juste avant les champs... A cinq cent mètres d'ici...
-Oui, oui, je vois! Ah, c'est là qu'il...
Mais Dorian n'écoute plus! Il se lève et va payer sa bouteille au comptoir avant de sortir sans un mot, Max sur les talons.
-Tu as une idée?, demande-t'il à son frère, en montant dans la voiture.
-On va aller traîner un peu du côté de chez ce Delcampe là!, répond Dorian. On va peut-être pouvoir s'amuser un peu... Et gagner une 'tite prime! Un « accident » est si vite arrivé...
Ils trouvent facilement mais la rue de la Vallée, devant la maison de Jacques Delcampe, est tellement étroite, qu'il n'est pas possible d'y stationner une voiture...
Ils font demi-tour un peu plus loin et la laisse à une centaine de mètres, là où un petit évidement de voirie, le permet .
Ensuite, comme de banals promeneurs du dimanche, ils se dirigent à pied vers la dernière maison à gauche...
Ils vont pour passer devant la maison quand un homme assez massif, vêtu d'un gros pull de laine bleu et d'un pantalon de velours côtelé noir, tenant un petit chien en laisse, en sort.
-Oui, je sais!, gagatise-t'il, en direction du mini-toutou qui freine des quatre pattes pour ne pas sortir. Il ne fait pas chaud, mais tu dois aller faire pipi! Y'a rien à faire!
Dorian donne un coup de coude à son frère.
-'Parie que c'est not'client!, fait-il. Tu es prêt à t'amuser un peu? L'a l'air ramolli, le vieux! Avec son p'tit cabot, y fait très « tata » non? Cela va pas être bien difficile de lui faire sa fête!
Ce en quoi ils se trompent lourdement, mais de cela, ces petites crapules ne peuvent pas se douter...
Ils s'approchent de l'homme au chien, comme pour lui demander un renseignement...
Jacques Delcampe, le cheveu rare et bien installé dans sa cinquantaine, a beaucoup bourlingué dans sa vie!
A le voir bêtifier avec son minuscule chien, personne ne pourrait se douter qu'il s'est engagé très tôt dans un régiment de Para-commando réputé pour ses troupes musclées.
Il a été de toutes les missions périlleuses possibles, dont la fameuse opération « Kolwezy », à la toute fin des années septante, dont se souviennent encore les plus anciens.
Et puis un jour, il en a eu marre de tout cela; l'armée, la discipline...
Du jour au lendemain, il a quitté tout ce qui faisait sa vie et s'est établi définitivement dans son petit village de Pont-du-Roy.
Depuis, il mène une vie paisible de terrassier, creusant trous et tranchées pour tout qui le lui demande.
Il sent confusément, sans savoir pourquoi, que ces deux-là ne viennent pas vers lui pour lui « offrir des fleurs ».
Prestement, il repousse le chien dans la maison et referme sa porte.
Sans hâte, il rejoint le trottoir.
Juste au moment où le plus petit, bonnet de laine enfoncé sur le crâne au ras des sourcils lui demande abruptement:
-Vous êtes Jacques Delcampe, le père de Pierre?
-C'est bien moi! Que puis-je pour v...
-Rien du tout!, fait Dorian en lançant son poing droit en direction du visage de Jacques. On veut juste s'amuser un peu!
-T'amuser un peu, mon gars?, fait Jacques en réceptionnant le poing fermé au creux de sa large main, habituée au maniement de la pelle.
-Cela tombe bien! J'adore m'amuser, moi aussi!, continue-t'il, avec une joie mauvaise.
Surpris, Dorian récidive de l'autre main...Sans plus de succès!
Son deuxième poing se retrouve prisonnier de l'autre large main du terrassier.
-C'est pas ton jour de chance, mec!, fait Jacques, en le fixant droit dans les yeux sans ciller. T'as pas choisi l'bon bourrin...
Tenant toujours les poings de son agresseur dans ses larges mains, il se met à serrer, lentement, avec une force inouïe.
A suivre
Episode 37
Dorian a l'impression d'avoir mis les mains dans une presse; il sent ses ongles, pourtant coupés courts, lui entrer dans les chairs.
Il tente un violent coup de pied dans le genoux de celui qu'il espérait être sa victime, mais sous la douleur, son coup manque de précision et il ne rencontre que le vide.
-Max, à l'aide! Il va me broyer les mains, ce salaud!, crie Dorian.
Max, surpris par la résistance du « vieux », met deux secondes avant de réagir.
Il finit par bondir sur le dos de Jacques et tente un étranglement de son coude replié.
Son adversaire ne semble même pas sentir sa présence...
Il continue à serrer les poings emprisonnés tout en entamant un lent mouvement de torsion des poignets de sa proie.
Dorian hurle de douleur maintenant.
-Il va me casser les poignets... Il va me casser les poignets!
Soudain, d'un geste brusque, Jacques le repousse au loin et balance son coude droit en arrière.
Max, qui ne s'y attendait pas, à l'impression de prendre un piston de locomotive dans les côtes...
La douleur est atroce! Lâchant le cou de sa victime, il tombe raide, le dos au sol, sonné pour le compte.
Dorian, entre-temps, a repris du poil de la bête...
Il fonce courbé en deux, la tête rentrée dans les épaules, vers l'estomac de Jacques.
Il comprend bien vite que ce n'était pas une bonne idée...
Non seulement sa tête ne rencontre que le vide mais il ressent une violente douleur au milieu dos, au moment précis où, emporté par son élan il passe devant ce qu'il croyait être une proie facile...
L'ancien para vient de lui asséner une manchette aux reins, les deux mains nouées ensembles, dures comme un marteau-pilon!
Il s'écrase, sa face de crapule heurtant durement le sol...
Max, qui récupère vite, se relève et revient à la charge.
-Salaud!, lance-t'il à Jacques. Tu vas voir ce que je vais te mettre, le vieux!
-Le vieux?, fait celui-ci, attendant l'attaque prochaine en souriant , même pas essoufflé.
La petite frappe tente un coup de pied qui, s' il avait atteint son but, aurait transformé Jacques en Madame Jacqueline!
Face à ce coup pour le moins vicieux, Jacques rugit de rage.
Il attrape au vol, d'une seule main, la jambe tendue devant lui.
Il la tire vers lui, d'un coup sec, tout en lui infligeant un mouvement de torsion brutal.
Quand la cuisse passe à sa hauteur, il descend brutalement son coude fléchi sur le muscle, à mi-hauteur.
Max à l'impression qu'on lui arrache la jambe à vif. Il retombe sur le sol, roulant et hurlant de douleur.
Toujours pas calmé, Dorian revient une nouvelle fois à la charge, en position de boxeur, cette fois!
-Ah?, fait simplement Jacques. Tu changes de jeu? J'aime bien celui-là aussi, fait-il, en souriant méchamment.
Dorian tente une feinte, à la face...
Jacques bascule sur son pied droit et riposte d'un crochet au foie...
Dorian est KO debout! Sa défense reste ouverte... Très dommageable pour lui!
Le terrassier récidive par un direct au menton puis se met consciencieusement à lui marteler les côtes avec la régularité d'un métronome. Un à gauche, un à droite... Un à gauche, un à droite...
Dorian, le visage en sang, recule. Il a l'impression que sa cage thoracique explose...
-On caltent!, hurle-t'il à son frère. On caltent!
-'Peux plus marcher!, répond l'autre. Me laisse pas!
Dorian attrape son frère sous les aisselles et, le traînant plus que le portant, s'éloigne le plus vite possible en direction de leur voiture, sous le regard goguenard de Jacques.
-Au revoir, Messieurs! leur lance-t'il joyeusement, quand la petite voiture démarre en laissant quinze bons centimètres de gomme sur le bitume. Et revenez vous amuser quand vous le voulez: Je suis à votre service!
Bon, c'est pas l'tout!, pense-t'il en souriant, comme si rien ne s'était passé. J'dois aller faire pisser l'chien, moi!
Les deux Durion sont déjà sur l'autoroute depuis quelques kilomètres quand Max ose dire, tout en se massant la jambe:
-Qu'est-ce qu'on a pris...
-Oh, ça va! Ça va!, fait Dorian, honteux, tout en maintenant un chiffon pas très net sur sa narine gauche, dont le sang ne semble pas vouloir s'arrêter de couler.
****
Michel, le « locataire » de la maison de Pierre, siffle Zopa, son berger Malinois âgé de trois ans, ce dimanche sur le coup des dix-neuf heures, puis s'adressant à Corinne, sa compagne:
-Je fais vite faire sortir le chien!
-OK, mon chéri!, répond celle-ci, qui termine la préparation de leur repas du soir. Nous pourrons passer à table dès ton retour.
Comme tous les soirs, depuis qu'il a pris possession de la maison, il se dirige vers la petite ruelle en cul-de-sac qui longe le garage et qui conduit tout droit au terrain où attendent les épaves à destination de la fonderie...
Comme il fait déjà noir!, se dit-il, distraitement.
Soudain, il s'immobilise...
Il jurerait que là, devant lui, à vingt mètres, juste à l'angle du garage et du terrain, il y a une silhouette accroupie...
-Zopa! Pied!, lance-t'il à mi-voix.
Le chien, un des meilleurs éléments de l'école d'éducation canine « Les Titans » de Braine-l'Alleud, vient se coller à la jambe de son maître; oreilles pointées, en alerte.
-Veille!, lui ordonne-t'il encore.
Bien lui en prend car sans qu'il ait eu le temps de voir quoique ce soit, Jaco lui bondit dessus, par derrière, comme un lâche qu'il est.
Sans paniquer ni hausser le ton, Michel fait calmement:
-A toi, Zop!
Écumant de rage, le Malinois se ramasse sur lui-même et se prépare à l'attaque...
Jaco, s'apercevant d'un coup de la présence du chien, n'écoute que son courage et fuit à grandes enjambées, Zopa à moins d'un millimètre de ses fesses...
Marc, alerté par le bruit se relève. Sa silhouette se dessine nettement dans la pénombre de la nuit.
-Jaco!, appelle-t'il, à mi-voix. Qu'est-ce qui se passe?
-Qui êtes-vous et que faites-vous là?, s'entend-il répondre par une voix forte.
Michel s'est rapproché et s'apprête à le saisir par son col...
Déjà, la petite crapule se prépare à la bagarre...
Vivement, il se baisse et s'empare d'une vieille manivelle de cric qui traine sur le sol.
Il la lève au-dessus de sa tête et veut l'abattre sur celle de Michel...
Il n'a pas le temps de terminer son geste!
Zopa, revenu silencieusement sur ses pas, vient de lui planter violemment ses crocs dans la main gauche!
Quand on sait que la morsure d'un Malinois développe une pression d'un peu plus d'une tonne au centimètre carré... Cela doit faire un bien fou!
Courageusement, il prend ses jambes à son cou en hurlant et détale sans demander son reste, en serrant sa main ensanglantée sur son torse.
Il parvient sur la piste des pompes à essences, Zopa sur les talons, quand une Peugeot 205 foncée y surgit, moteur hurlant.
La portière côté passager s'ouvre et Marc y bondit en voltige, sans même que la voiture ne ralentisse...
A suivre
Nous les retrouvons moins de dix minutes plus tard, tranquillement occupées à disputer une partie d'échecs dans un des salons.
En m'approchant d'elles, j'ai l'occasion d'observer Magali plus en détails; elle est vraiment la réplique exacte de Caro! Seuls ses yeux sont beaucoup plus foncés que ceux de ma fille...
Ah? Et de près, elle semble légèrement plus mince...
Pourtant notre Caroline est très loin d'être grassouillette.
-Mesdemoiselles... Votre attention s'il-vous-plait!, fait Coraline en imitant comme elle le peut -c'est-à-dire mal- l'enchanteur Merlin dans le dessin animé de Walt Disney.
Elles lèvent la tête simultanément.
C'est inouï!, me dis-je. J'ai l'impression de voir Caroline dans un miroir...
-Comme vous le savez sans doute, continue-t'elle, ce soir c'est le réveillon de Noël...
-Malheureusement, reprend-elle, je n'ai pas eu le temps de m'occuper des cadeaux. Je ne pouvais
pas deviner que nous serions cinq au lieu de trois et je n'en ai pas pour tout le monde! Je propose donc que nous sortions tous ensembles pour terminer les achats!
-Crédits illimités, les filles!, complète-je, en riant.
Il ne faut pas le leur répéter deux fois: En moins de temps qu'il ne m'en faut pour l'écrire, nous nous retrouvons dans la rue, devant l'hôtel.
-Par où commençons-nous, les Miss?, s'informe Cora.
Le premier magasin choisi par les filles, est -Qui l'eût cru?- un magasin de fringues, « Dimoda », pour ne pas le citer, situé en bordure de plage.
Caroline s'y sent d'emblée à l'aise et se sert dans les différents rayons, Magali sur les talons.
Elles arrivent devant les cabines d'essayage et je remarque que si Caroline a les bras surchargés de vêtements en tous genres, Magali, elle, n'apporte rien.
-Eh bien, Magali?, fais-je, surpris. Rien ne te plaît?
-Si, si, Monsieur! Tout me plaît! Mais...heu... Je..., bafouille-t'elle. Je mettrai ce que votre f... Heu...Caroline achète!
-Alors là, ma petite Magali, si tu veux que l'on deviennent des amis tout les deux, tu oublies premièrement et immédiatement le « Monsieur » dont tu viens de me gratifier,. Je m'appelle Pierre! Et deuxièmement, tu me tutoies..., termine-je, en lui offrant mon sourire number one, celui des week-ends et jours fériés. (Petit clin d'oeil à un de mes auteurs préférés: Frédéric Dard!)
-Pourquoi ne te sers-tu pas, alors?, reprend-je, intrigué.
-C'est que... Tout cela coûte très cher et...je n'ai pas le moindre sou!, fait-elle, en rougissant.
-Tu as entendu ce que j'ai dit en sortant de l'hôtel? « Crédits illimités, LES filles! », dis-je, en insistant sur « les ». C'est valable pour toi aussi, qu'est-ce que tu crois!, fais-je avec un clin d'oeil en direction de Cora.
Elle a une réaction qui me sidère: Au lieu de sauter de joie comme le ferait, je le suppose, toute adolescente de son âge... elle fond en larmes!
Immédiatement, Coraline se précipite, suivie de notre fille qui a laissé tomber tout ce qu'elle tenait en main.
-Hé bien, hé bien.. Qu'est-ce qui t'arrive?, font-elles ensembles, d'une voix douce.
-Vous...Vous êtes tellement gentils avec moi..., sanglote-t'elle.
-Gentils? Non! Nous t'aimons déjà, c'est tout!, m'entend-je dire. Tu es un peu notre deuxième fille...Va te servir, maintenant et ne regarde pas au prix. Prend tout ce dont tu as envie!
-Je... Vous..., commence-t'elle.
-Hop, hop, hop! File!, fais-je, en prenant un air bourru. J'aimerai bien réveillonner à l'appartement ce soir. Pas dans l'un ou l'autre magasin!
Il est plus de vingt heures quand nous rentrons au Condor, les bras chargés de paquets divers.
Cela m'apprendra à leur proposer un crédit illimité!, songe-je, amusé, en les contemplant avec amour, toutes les trois.
Coraline, en bonne directrice qui se respecte, a tenu à se rendre compte par elle-même que tout était fin prêt pour le réveillon de sa clientèle.
-J'espère, nous a-t'elle dit, que vous ne vouliez pas restés ici pour la fête. Pour notre premier Noël ensembles, j'ai préféré faire cela chez nous...
-Et tu as très bien fait, la rassure-je. Tu sais bien que rien ne me plait plus que d'être en famille...
Après l'apéritif promis au bar de Pedro, nous rentrons enfin chez nous ou plutôt chez Coraline.
Au moment où Pedro a salué Dominique, il me semble que leurs mains sont restées en contact plus longtemps que nécessaire... Que leurs yeux se sont cherchés ...et trouvés!
Mais ce n'est peut-être qu'une impression!
A vingt-deux heures, nous débutons les agapes concoctées par Cora pour cette grande nuit.
Tout le monde s'avère enchanté par ses cadeaux...
Dominique et Magali sont, de loin, les plus émues d'entre-nous quatre...
-Notre premier réveillon en famille, conclue-je. Et soyez bien sûres, mes chéries, que ce ne sera pas le dernier!
Quand, vers les trois heures du mat', les filles, presque immédiatement suivie de Dominique
décrètent « qu'elles n'en peuvent plus et qu'elles vont se coucher », Cora et moi, mentalement, poussons un « ouf » de soulagement. Enfin seuls!
L'amour de ma vie vient s'installer sur mes genoux, comme elle fait presque chaque jour, quand nous sommes seuls, en Belgique.
Nous discutons encore un petit moment de cette première fête de Noël passée ensembles, puis, bien vite, nous trouvons un sujet de discussion plus intime... Qui ne nécessite aucun mot, celui-là!
En la portant dans notre chambre, entre deux baisers, j'ai eu le temps de lui dire que j'avais encore un petit cadeau pour elle, à la maison.
Ensuite...
Nous avons fêté Noël dignement, à deux!
Je peux seulement vous dire, sans entrer dans les détails -si j'ose m'exprimer ainsi- que cette nuit, le petit Jésus à souvent retrouver, à sa plus grande joie, le chemin de sa crèche...
-Chapitre 8-
-Je sais bien que nous sommes en période de Noël, fait Hubert. Je m'assure simplement que vous ne perdez pas notre petit... arrangement de vue!
-Nous ne perdons rien du tout de vue!, rétorque Dorian, à l'autre bout du téléphone. Mais ils sont tous partis! Et la maison, même vide, avec tous ces systèmes d'alarme sophistiqués est inattaquable!
Pour cela, il n'a pas tort, pense Hubert. C'est moi qui les ai fait installer! Une fois enclenchés, personne ne peux s'approcher sans être détecté dans les secondes qui suivent... Et comme une de ces alarmes est directement reliée au commissariat... mieux vaut ne pas s'y aventurer!
-Pour la maison, je suis d'accord!, fait Hubert. N'y touchez pas: C'est vraiment trop dangereux!
Par contre, au cas où vous l'ignoreriez, mon excellent ami Pierre possède encore les bâtiments d'un garage de Braine-l'alleud, d'un autre à Pont-du-Roy et même...des parents, dans ce village!
Enfin, je vous dis cela.... A vous de voir!
-Et n'oubliez pas, mon jeune ami... Une prime à chaque accident!
Dorian raccroche, pensif, puis, fixant ses frères:
-Bon! Les gars, Monsieur Henri, le boss, vient de me donner quelques idées...
-Max!, reprend-il. Regarde sur une carte où cela s'trouve Pont-du-Roy...
-Marc, Jaco! Prenez une caisse!, continue-t'il. Vous allez à Braine-l'alleud reconnaître les parages de l'ancien garage de ce Pierre. A vous de décider quoi faire avec ensuite: Vous avez carte blanche!
-Pont-du-Roy, fait Max, en désignant de son index sale un point sur la carte. Regarde, c'est ici: Entre Namur et Charleroi!
-Allez, go! On y va! A ce soir, les mecs!
C'est ainsi qu'en ce premier dimanche après Noël, Jésus prit le pain et...
Qu'est-ce que je raconte, là moi? Mille pardons! Une crise mystique! Cela ne se reproduira plus!
Ce dimanche après Noël, disais-je, vers dix heures, la Renault de Dorian file bon train sur l'autoroute des Ardennes tandis que, à allure plus raisonnable -radars obligent-, une Peugeot 205 bleue nuit -autre rescapée de mitraille, comme on qualifie ce genre de véhicule- se dirige vers Braine-l'alleud.
A suivre
Episode 36
-Le garage Aixam... Voilà! C'est ici, fait Jaco, en désignant le bâtiment devant lequel Marc vient de se garer.
-Regarde!, fait ce dernier. L'épave de la Mercedes que Dorian a fait flamber est là, derrière...
-On pourrait peut-être harmoniser l'ensemble avec la Mercedes?, continue Jaco, un sourire mauvais aux lèvres.
-Très bonne idée! Nous sommes dimanche...Il n'y a personne... Et avec les pompes à essence qu'il y a ici devant, cela devrait nous faire un solide feu de joie!, lui répond son frère, avec le même sourire.
-Nous reviendrons plus tard!, continue Marc. Quand il fera noir... On va un peu éclairer tout cela! En attendant, retournons à Grand-Sart : On a besoin d'un peu de matos!
-Pont-du-Roy, prochaine sortie!, annonce Max. Que va-t'on y faire, au juste?
-'Sais pas!, fait Dorian, laconique. 'Faudra improviser! On trouvera bien!
Ils roulent encore quelques centaines de mètres avant de parvenir à la place du village, entourée de ses marronniers et de ses bancs de bois peints en vert.
Elle est totalement déserte, par ce froid début d'après-midi. Tous les commerces alentour sont fermés sauf le bistrot, sur la vitrine duquel s'étale en grosses lettres: Café du Centre.
-Café du Centre! Quelle originalité! Je parie qu'il est le seul à cinq kilomètres à la ronde, ricane Max.
-Qu'est-ce qu'on fait?, continue-t'il.
-On ne sais même pas ce qu'on cherche!, constate Dorian, à haute voix, comme pour lui-même. Le mieux, c'est d'aller boire un verre en laissant traîner nos oreilles... On apprendra peut-être quelque chose d' intéressant!
Il gare la Clio devant le petit café puis, l'un suivant l'autre, ils y entrent, d'un pas décidé.
-Une bouteille de vin rouge et deux verres!, fait d'emblée Dorian en s'installant à la table la plus proche du bar.
Un instant toutes les conversations s'arrêtent et les visages de la vingtaine d'hommes présents se tournent vers eux: C'est que des touristes à Pont, en plein hiver, c'est assez rare!
Mais après quelques secondes, plus personne ne fait attention à eux.
Les conversations reprennent, bon train.
-Tu viens la semaine prochaine pour le tournoi de cartes, chez Jean-Marc?, entend dire Dorian par un grand gaillard vêtu d'une chemise à carreaux à un autre, plus petit, assis à deux tables d'eux.
-Jean-Marc? Quel Jean-Marc, répond l'autre. Où?
-Ben, t'as oublié? Au garage, sur la grand-route!
Dorian est toute ouïe. Un garage? C'est peut-être celui qu'il cherche... Il fait un signe discret à son frère pour l'inciter à écouter, lui aussi.
-Quel garage?, continue le plus petit.
-Mais... D'où qu'tu sors, toi? L'ancien garage du petit Pierre, tin! L'Jean-Marc l'a suffisamment
annoncé qui'f'rait un tournoi de cartes spécialement pour c'te nouvelle année...
Devant la mine perplexe de son interlocuteur, le plus grand se voit obligé de préciser:
-Enfin!, L'petit Pierre! Tu vois quand même qui c'est, non? L'Viking, qu'on l'appelait...
-Haaa! Ce Pierre là! Et tu l'appelles le petit Pierre! Un gaillard bâti comme une armoire comme lui!
Dorian et Max ont les oreilles grandes ouvertes...
-Ben, reprend le plus grand. C't'un p'tit gars d'chez nous! J'lai connu tout p'tiot, moi, le p'tit Pierre!
Me d'mande c'qu'il est dev'nu... On l'voit plus depuis un moment! 'Faudra qu'je d'mande à s' pa, tins...
-Ah? Tu connais aussi son père?, fait l'autre.
-Ah, bi sûr cela! Qui n'connais pas Jacques Delcampe? Le terrassier! Cela t'dis rien? Un type que même son Pierre de fils a l'air d'un gringalet à côté...
-Jacques? Oui, maintenant que tu me le rappelles... Je le connais! Y'a aussi bien longtemps qu'on n'le voit plus! Où c'qui d'meure cor, lé? (Où habite-t'il encore, lui?)
-La dernière maison, à gauche, dans la petite rue de la Vallée... Tu vois? Juste avant les champs... A cinq cent mètres d'ici...
-Oui, oui, je vois! Ah, c'est là qu'il...
Mais Dorian n'écoute plus! Il se lève et va payer sa bouteille au comptoir avant de sortir sans un mot, Max sur les talons.
-Tu as une idée?, demande-t'il à son frère, en montant dans la voiture.
-On va aller traîner un peu du côté de chez ce Delcampe là!, répond Dorian. On va peut-être pouvoir s'amuser un peu... Et gagner une 'tite prime! Un « accident » est si vite arrivé...
Ils trouvent facilement mais la rue de la Vallée, devant la maison de Jacques Delcampe, est tellement étroite, qu'il n'est pas possible d'y stationner une voiture...
Ils font demi-tour un peu plus loin et la laisse à une centaine de mètres, là où un petit évidement de voirie, le permet .
Ensuite, comme de banals promeneurs du dimanche, ils se dirigent à pied vers la dernière maison à gauche...
Ils vont pour passer devant la maison quand un homme assez massif, vêtu d'un gros pull de laine bleu et d'un pantalon de velours côtelé noir, tenant un petit chien en laisse, en sort.
-Oui, je sais!, gagatise-t'il, en direction du mini-toutou qui freine des quatre pattes pour ne pas sortir. Il ne fait pas chaud, mais tu dois aller faire pipi! Y'a rien à faire!
Dorian donne un coup de coude à son frère.
-'Parie que c'est not'client!, fait-il. Tu es prêt à t'amuser un peu? L'a l'air ramolli, le vieux! Avec son p'tit cabot, y fait très « tata » non? Cela va pas être bien difficile de lui faire sa fête!
Ce en quoi ils se trompent lourdement, mais de cela, ces petites crapules ne peuvent pas se douter...
Ils s'approchent de l'homme au chien, comme pour lui demander un renseignement...
Jacques Delcampe, le cheveu rare et bien installé dans sa cinquantaine, a beaucoup bourlingué dans sa vie!
A le voir bêtifier avec son minuscule chien, personne ne pourrait se douter qu'il s'est engagé très tôt dans un régiment de Para-commando réputé pour ses troupes musclées.
Il a été de toutes les missions périlleuses possibles, dont la fameuse opération « Kolwezy », à la toute fin des années septante, dont se souviennent encore les plus anciens.
Et puis un jour, il en a eu marre de tout cela; l'armée, la discipline...
Du jour au lendemain, il a quitté tout ce qui faisait sa vie et s'est établi définitivement dans son petit village de Pont-du-Roy.
Depuis, il mène une vie paisible de terrassier, creusant trous et tranchées pour tout qui le lui demande.
Il sent confusément, sans savoir pourquoi, que ces deux-là ne viennent pas vers lui pour lui « offrir des fleurs ».
Prestement, il repousse le chien dans la maison et referme sa porte.
Sans hâte, il rejoint le trottoir.
Juste au moment où le plus petit, bonnet de laine enfoncé sur le crâne au ras des sourcils lui demande abruptement:
-Vous êtes Jacques Delcampe, le père de Pierre?
-C'est bien moi! Que puis-je pour v...
-Rien du tout!, fait Dorian en lançant son poing droit en direction du visage de Jacques. On veut juste s'amuser un peu!
-T'amuser un peu, mon gars?, fait Jacques en réceptionnant le poing fermé au creux de sa large main, habituée au maniement de la pelle.
-Cela tombe bien! J'adore m'amuser, moi aussi!, continue-t'il, avec une joie mauvaise.
Surpris, Dorian récidive de l'autre main...Sans plus de succès!
Son deuxième poing se retrouve prisonnier de l'autre large main du terrassier.
-C'est pas ton jour de chance, mec!, fait Jacques, en le fixant droit dans les yeux sans ciller. T'as pas choisi l'bon bourrin...
Tenant toujours les poings de son agresseur dans ses larges mains, il se met à serrer, lentement, avec une force inouïe.
A suivre
Episode 37
Dorian a l'impression d'avoir mis les mains dans une presse; il sent ses ongles, pourtant coupés courts, lui entrer dans les chairs.
Il tente un violent coup de pied dans le genoux de celui qu'il espérait être sa victime, mais sous la douleur, son coup manque de précision et il ne rencontre que le vide.
-Max, à l'aide! Il va me broyer les mains, ce salaud!, crie Dorian.
Max, surpris par la résistance du « vieux », met deux secondes avant de réagir.
Il finit par bondir sur le dos de Jacques et tente un étranglement de son coude replié.
Son adversaire ne semble même pas sentir sa présence...
Il continue à serrer les poings emprisonnés tout en entamant un lent mouvement de torsion des poignets de sa proie.
Dorian hurle de douleur maintenant.
-Il va me casser les poignets... Il va me casser les poignets!
Soudain, d'un geste brusque, Jacques le repousse au loin et balance son coude droit en arrière.
Max, qui ne s'y attendait pas, à l'impression de prendre un piston de locomotive dans les côtes...
La douleur est atroce! Lâchant le cou de sa victime, il tombe raide, le dos au sol, sonné pour le compte.
Dorian, entre-temps, a repris du poil de la bête...
Il fonce courbé en deux, la tête rentrée dans les épaules, vers l'estomac de Jacques.
Il comprend bien vite que ce n'était pas une bonne idée...
Non seulement sa tête ne rencontre que le vide mais il ressent une violente douleur au milieu dos, au moment précis où, emporté par son élan il passe devant ce qu'il croyait être une proie facile...
L'ancien para vient de lui asséner une manchette aux reins, les deux mains nouées ensembles, dures comme un marteau-pilon!
Il s'écrase, sa face de crapule heurtant durement le sol...
Max, qui récupère vite, se relève et revient à la charge.
-Salaud!, lance-t'il à Jacques. Tu vas voir ce que je vais te mettre, le vieux!
-Le vieux?, fait celui-ci, attendant l'attaque prochaine en souriant , même pas essoufflé.
La petite frappe tente un coup de pied qui, s' il avait atteint son but, aurait transformé Jacques en Madame Jacqueline!
Face à ce coup pour le moins vicieux, Jacques rugit de rage.
Il attrape au vol, d'une seule main, la jambe tendue devant lui.
Il la tire vers lui, d'un coup sec, tout en lui infligeant un mouvement de torsion brutal.
Quand la cuisse passe à sa hauteur, il descend brutalement son coude fléchi sur le muscle, à mi-hauteur.
Max à l'impression qu'on lui arrache la jambe à vif. Il retombe sur le sol, roulant et hurlant de douleur.
Toujours pas calmé, Dorian revient une nouvelle fois à la charge, en position de boxeur, cette fois!
-Ah?, fait simplement Jacques. Tu changes de jeu? J'aime bien celui-là aussi, fait-il, en souriant méchamment.
Dorian tente une feinte, à la face...
Jacques bascule sur son pied droit et riposte d'un crochet au foie...
Dorian est KO debout! Sa défense reste ouverte... Très dommageable pour lui!
Le terrassier récidive par un direct au menton puis se met consciencieusement à lui marteler les côtes avec la régularité d'un métronome. Un à gauche, un à droite... Un à gauche, un à droite...
Dorian, le visage en sang, recule. Il a l'impression que sa cage thoracique explose...
-On caltent!, hurle-t'il à son frère. On caltent!
-'Peux plus marcher!, répond l'autre. Me laisse pas!
Dorian attrape son frère sous les aisselles et, le traînant plus que le portant, s'éloigne le plus vite possible en direction de leur voiture, sous le regard goguenard de Jacques.
-Au revoir, Messieurs! leur lance-t'il joyeusement, quand la petite voiture démarre en laissant quinze bons centimètres de gomme sur le bitume. Et revenez vous amuser quand vous le voulez: Je suis à votre service!
Bon, c'est pas l'tout!, pense-t'il en souriant, comme si rien ne s'était passé. J'dois aller faire pisser l'chien, moi!
Les deux Durion sont déjà sur l'autoroute depuis quelques kilomètres quand Max ose dire, tout en se massant la jambe:
-Qu'est-ce qu'on a pris...
-Oh, ça va! Ça va!, fait Dorian, honteux, tout en maintenant un chiffon pas très net sur sa narine gauche, dont le sang ne semble pas vouloir s'arrêter de couler.
****
Michel, le « locataire » de la maison de Pierre, siffle Zopa, son berger Malinois âgé de trois ans, ce dimanche sur le coup des dix-neuf heures, puis s'adressant à Corinne, sa compagne:
-Je fais vite faire sortir le chien!
-OK, mon chéri!, répond celle-ci, qui termine la préparation de leur repas du soir. Nous pourrons passer à table dès ton retour.
Comme tous les soirs, depuis qu'il a pris possession de la maison, il se dirige vers la petite ruelle en cul-de-sac qui longe le garage et qui conduit tout droit au terrain où attendent les épaves à destination de la fonderie...
Comme il fait déjà noir!, se dit-il, distraitement.
Soudain, il s'immobilise...
Il jurerait que là, devant lui, à vingt mètres, juste à l'angle du garage et du terrain, il y a une silhouette accroupie...
-Zopa! Pied!, lance-t'il à mi-voix.
Le chien, un des meilleurs éléments de l'école d'éducation canine « Les Titans » de Braine-l'Alleud, vient se coller à la jambe de son maître; oreilles pointées, en alerte.
-Veille!, lui ordonne-t'il encore.
Bien lui en prend car sans qu'il ait eu le temps de voir quoique ce soit, Jaco lui bondit dessus, par derrière, comme un lâche qu'il est.
Sans paniquer ni hausser le ton, Michel fait calmement:
-A toi, Zop!
Écumant de rage, le Malinois se ramasse sur lui-même et se prépare à l'attaque...
Jaco, s'apercevant d'un coup de la présence du chien, n'écoute que son courage et fuit à grandes enjambées, Zopa à moins d'un millimètre de ses fesses...
Marc, alerté par le bruit se relève. Sa silhouette se dessine nettement dans la pénombre de la nuit.
-Jaco!, appelle-t'il, à mi-voix. Qu'est-ce qui se passe?
-Qui êtes-vous et que faites-vous là?, s'entend-il répondre par une voix forte.
Michel s'est rapproché et s'apprête à le saisir par son col...
Déjà, la petite crapule se prépare à la bagarre...
Vivement, il se baisse et s'empare d'une vieille manivelle de cric qui traine sur le sol.
Il la lève au-dessus de sa tête et veut l'abattre sur celle de Michel...
Il n'a pas le temps de terminer son geste!
Zopa, revenu silencieusement sur ses pas, vient de lui planter violemment ses crocs dans la main gauche!
Quand on sait que la morsure d'un Malinois développe une pression d'un peu plus d'une tonne au centimètre carré... Cela doit faire un bien fou!
Courageusement, il prend ses jambes à son cou en hurlant et détale sans demander son reste, en serrant sa main ensanglantée sur son torse.
Il parvient sur la piste des pompes à essences, Zopa sur les talons, quand une Peugeot 205 foncée y surgit, moteur hurlant.
La portière côté passager s'ouvre et Marc y bondit en voltige, sans même que la voiture ne ralentisse...
A suivre
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