Coraline & Pierre: L'amour triomphe toujours. Episode 6.
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Coraline & Pierre: L'amour triomphe toujours. Episode 6.
Bonsoir à toutes et à tous.
Je vous souhaite un très joyeux Noël...
Tout de suite, votre feuilleton...
Bon réveillon et bonne lecture!
Extrait de l'épisode du jour:
"Au dernier étage de l' immeuble abritant le siège social de ses industries, Hubert de Jarvaux d'Arbois, installé dans un profond fauteuil, les pieds posés sur son bureau directorial, ressasse des idées moroses, tout en contemplant distraitement le parc boisé qui l'entoure au travers d'un des murs translucides fermant trois côtés de la pièce.
Ses pensées le ramènent à ce vingt-six décembre..."
Episode 6
Pas sur l'absence de ses parents, non! Elle pleure Pierre! Son bel amour, à jamais perdu! Elle n'a même pas un numéro de téléphone où le joindre; ses parents depuis l'arrivée du GSM, ont fait supprimer leur ligne téléphonique au profit de ce seul appareil.
Pierre, lui, n'a jamais voulu s'encombrer d'un tel «truc», comme il l'appelle. Pourquoi faire? S'ils avaient su...
Épuisée, elle finit par s'endormir, d'un sommeil lourd.
Courage petite Coraline! Maria te l'a dit: Il ne faut jamais juré de rien...
La vie nous joue parfois de sales tours... Mais elle peut aussi nous réserver de bien belles surprises!
****
Dominique de Jarvaux d'Arbois achève de ranger le contenu des derniers cartons qui encombrent encore la grande véranda, à l'arrière de la villa du 17, avenue des Pruniers bleus, à Waterloo, où Hubert et elle habitent depuis trois semaines, maintenant.
Épuisée, elle s'allonge sur un des deux canapés, en cuir blanc, dans l'immense pièce de séjour prolongée d'une piscine mi-intérieure, mi-extérieure.
Avec ce déménagement non planifié, elle n'a pas eu une minute à elle pour réfléchir sérieusement à ce qu'elle vient de faire: Abandonner sa seule fille!
Étendue sur le moelleux fauteuil, elle laisse vagabonder ses pensées...
J'ai choisi la meilleure solution... Je ne sais pas pourquoi Hubert a pris cette situation si tragiquement, mais il aurait fini par vraiment lui faire du mal, si je l'avais gardée avec moi!, tente-t' elle de se convaincre.
Elle revoit encore l' expression du visage d' Hubert, quand il a apprit la grossesse de sa fille: Je l'ai cru fou!
Depuis, il est redevenu l'homme froid, mais bien élevé, d'avant cette maudite après-midi du 26 décembre...
Malgré le cruel sacrifice qu'il a exigé d'elle, Dominique aime toujours passionnément son Hubert... Au point de ne pouvoir envisager, une seule seconde, de vivre sans lui!
Après tout, le sort de Coraline n'est si terrible que cela! Elle se trouve en un lieu paradisiaque, va apprendre un métier sérieux et ne se trouvera pas démunie à sa sortie du centre. Que lui souhaiter de mieux? C'est cela...ou la rue!
Pour elle aussi, désormais, le «cas Coraline» est classé, rangé, terminé!
Que sa fille puisse en être malheureuse ne lui effleure même pas l'esprit...
****
Au dernier étage de l' immeuble abritant le siège social de ses industries, Hubert de Jarvaux d'Arbois, installé dans un profond fauteuil, les pieds posés sur son bureau directorial, ressasse des idées moroses, tout en contemplant distraitement le parc boisé qui l'entoure au travers d'un des murs translucides fermant trois côtés de la pièce.
Ses pensées le ramènent à ce vingt-six décembre...
Cinq cent millions!, pense-t' il. Cette petite s... m'a fait perdre cinq cent millions! Si seulement elle avait épousé le fils de Norbert, comme je l'avais prévu... Tout son capital serait déjà dans mes entreprises... Au lieu de cela, cette petite garce va me coûter «un pont» jusqu'à sa majorité... Et pour ne rien me rapporter, en plus! Quoique... Dominique a encore pas mal de « blé »! Avec un peu de chance, j'arriverai bien à le détourner...
Elle aurait mieux fait de ne jamais naître! Elle ne m'aurait rien coûté!, se dit-il encore. Mais elle me le paiera... Je perds une fortune... Mais elle perdra plus encore! Je l'écraserai comme une punaise!
-Oui, je l'écraserai! Mais de loin ! Sans avoir l'air d'y toucher!, dit-il brutalement, à haute voix, en abattant violemment le plat de sa main sur le plan de travail du bureau. Si je daigne la laisser un jour revenir, ce sera à mes conditions! Elle devra ramper et me supplier de lui pardonner! Elle est encore loin d'en avoir fini avec moi! Je vais la briser...Tant physiquement que moralement!
Un plan machiavélique vient de faire jour dans son esprit perturbé...
Je suis génial!, se dit-il. Je vais non seulement écraser ma «chère fille», mais de plus je vais me renflouer malgré elle... Et grâce à elle! Il me suffit juste d'être patient quelques années, c'est tout!
Il éclate alors d'un rire dément...
Trop d'argent rend fou, paraît-il. A preuve...
****
Janvier 2000...
Mon garage tourne à plein régime...
J'ai dû engager un second carrossier tant le travail afflue.
J'ai eu une inquiétude quand, au milieu de l'année passée, la régie des routes a fermé pendant quelques mois la chaussée où mes ateliers sont situés pour procéder à un nécessaire élargissement... Mais, fort heureusement, cela n'a eu aucune influence sur ma clientèle! Au contraire...
Me doutant que cette nationale, droite et lisse comme un billard désormais, allait attirer pas mal de nouveaux automobilistes, j'en ai profité pour installer, devant le garage, un poste à essence self-service.
Investissement lourd, mais d'un très bon rendement!
J'envisage sérieusement d' ajouter une supérette à l'ensemble l'année prochaine...
Oui, je sais: Tout le monde le fait! Mais ici, à Pont, c'est vraiment nécessaire: Mis à part le magasin de Léon, sur la place, à trois kilomètres, il n'y a rien!
Dans la foulée, je me suis aussi doté d' un camion-plateau de dépannage, un gros Mercedes, acheté pour une croûte de pain sur une vente de faillite...
Cela sert toujours, un engin pareil!
Lundi cinq janvier, alors que vaquons tous à nos habituelles occupations, retentit un:
-Nom de D... de nom de D... de nom de D...!, sonore.
Cette fine et délicate expression pleine de poésie provient en droite ligne de la carrosserie!
Appréhendant un drame -à tout le moins un accident-, je me dirige dare-dare -comme disent les abeilles, évidemment- vers les lieux et y découvre Jean-Marc, un brave homme de quarante cinq ans environ, mon premier carrossier et ami, rouge comme un coq, en proie à une colère noire! (Remarquez: Vous pouvez toujours changer les couleurs si l'assortiment ne vous convient pas! La maison ne recule devant aucun sacrifice pour vous plaire et nous en avons d'autres en stock!)
-Ce n'est pas possible!, fulmine-t' il. Regarde: J'ai commandé une portière droite pour la voiture de Monsieur Lambert... Ils m'en ont livré une gauche, ces abrutis de chez ... ! Qu'est-ce que je vais faire, moi? La voiture est là, démontée... Et je suis bloqué!
-Du calme!, fais-je, conciliant. Le téléphone... Tu connais? Je les appelle et ils vont réparer leur erreur, vite fait! C'est tout!
-'Pas de quoi en faire un infar..., ajoute-je, en souriant!
-Oui, tu as raison!, me concède-t' il, un peu calmé. Mais c'est toujours la même chose avec eux: tu leur commandes une chose et on dirait qu'ils éprouvent un malin plaisir à te livrer le contraire! C'est pourtant une chaîne d'accessoiristes automobiles réputée.
-'Me demande bien comment ils ont bâtis leur bonne réputation, ceux-là!, maugrée-t'il encore.
Cela a l'air tout simple, comme cela, de faire changer une portière gauche en portière droite... Mais non! Mon fournisseur me dit qu'il n'a que celle-là et que les nouvelles commandes n'arriveront qu'en février... Au plus tôt!
Je dois bien comprendre qu'ils n'en peuvent rien... Que ces pièces arrivent de Corée... Que...
-Bref!, le coupe-je sèchement. Que me proposez-vous?
-Moi, je ne peux pas dire à mon client que sa voiture est bloquée jusqu'en février... Ma réputation est en jeu... Et la vôtre aussi!, ajoute-je, perfide.
A l'autre bout du téléphone, mon interlocuteur réfléchit un bref instant et propose de me rappeler dans les cinq minutes qui suivent... Le temps de vérifier une petite chose...
Les mimiques que m'adresse Jean-Marc, assis à mon côté, me démontre, si besoin était, combien il est sceptique sur l'éventualité d'un rappel quelconque!
Il a tort! Cinq minutes ne se sont pas encore écoulées que j'ai à nouveau le fournisseur en ligne.
-J'ai peut-être une solution! J'ai trouvé une autre portière, du côté qui vous intéresse, mais...
-Mais?
-... Elle se trouve à Braine-l'Alleud, dans une de nos succursales, à une petite centaine de kilomètres de chez vous. Je peux la faire chercher par un coursier et vous la faire livrer demain, en fin d'après-midi, si vous voulez...
-Demain, fin d'après-midi?, fais-je à Jean-Marc, en posant une main sur le micro de téléphone.
Celui-ci frôle l'apoplexie...
-Je ne peux pas attendre si longtemps, gémit-il. Tout mon atelier est bloqué! Si j'avais eu la bonne portière, je serai occupé à la peindre, actuellement. La voiture aurait été terminée demain matin...
-OK! Je la prends!, décide-je. Donnez-moi l'adresse; je vais aller la chercher moi-même: Cela ira plus vite!
J'ai beau avoir fait un grand bond sur l'échelle sociale ces dernières années, je n'ai rien changé à mon train de vie. Je ne sors toujours pas, habite toujours chez mes parents et roule toujours avec ma Renault 5 TS, rouge. Elle frôle les vingt-trois ans, n'est plus très fringante, mais pour le peu de déplacement que j' effectue: Elle fait parfaitement l'affaire!
Je prend note de l'adresse, 28, rue de l' Essor, à côté du garage Lebeau, à Braine-l'Alleud, et me met en route immédiatement.
Les nonante-quatre kilomètres qui me séparent de Braine sont vite avalés: C'est qu' elle « tricote » encore, ma vieille Titine.
Ah, voilà! Le garage Lebeau... et le magasin d'accessoires. C'est ici!
C'est quand je me gare le long du trottoir que cela se corse, comme dirait Napoléon!
Ma fidèle 5 décide qu'elle a terminé sa part de travail!
Elle a un hoquet, les lumières du tableau de bord s'allument et le moteur s'arrête.
Un peu de fumée blanche s'échappe du capot moteur, à l'avant.
Je n'ai même pas besoin de le soulever pour comprendre que mon joint de culasse -et, par la même occasion, tout le «moulin»- vient de rendre l'âme!
La situation, qui pourtant ne s'y prête pas, me fait sourire quand même.
En panne! Moi, le patron des Ateliers de Pierre! Je suis en panne, avec ma propre voiture et à cent kilomètres de chez moi, en plus! C'est un comble!
Je sors de mon auto qui n'est, pour le moins, plus mobile et m'apprête à la pousser le long du trottoir, quand un ouvrier du garage Lebeau, qui m'observait depuis la piste de la pompe à essence, s'approche de moi.
-Un problème, Monsieur?, demande-t' il, gentiment.
Je m'apprête, sans même le regarder, à lui répondre que non, que tout va très bien, Madame la Marquise! Que très souvent, quand je viens dans le quartier, je m'amuse à pousser ma voiture pour économiser le carburant et faire un peu d'exercice quand, quelque chose dans le ton de sa voix, me semble familier.
Je me retourne et le dévisage, les yeux ronds, muet de surprise: Devant moi se tient Cédric! Mon vieux copain Cédric!
A mon air ahuri, celui-ci se fend d'un:
-Cela ne va pas, Monsieur?, inquiet.
-Cédric! Tu ne me reconnais pas?
A suivre
Je vous souhaite un très joyeux Noël...
Tout de suite, votre feuilleton...
Bon réveillon et bonne lecture!
Extrait de l'épisode du jour:
"Au dernier étage de l' immeuble abritant le siège social de ses industries, Hubert de Jarvaux d'Arbois, installé dans un profond fauteuil, les pieds posés sur son bureau directorial, ressasse des idées moroses, tout en contemplant distraitement le parc boisé qui l'entoure au travers d'un des murs translucides fermant trois côtés de la pièce.
Ses pensées le ramènent à ce vingt-six décembre..."
Episode 6
Pas sur l'absence de ses parents, non! Elle pleure Pierre! Son bel amour, à jamais perdu! Elle n'a même pas un numéro de téléphone où le joindre; ses parents depuis l'arrivée du GSM, ont fait supprimer leur ligne téléphonique au profit de ce seul appareil.
Pierre, lui, n'a jamais voulu s'encombrer d'un tel «truc», comme il l'appelle. Pourquoi faire? S'ils avaient su...
Épuisée, elle finit par s'endormir, d'un sommeil lourd.
Courage petite Coraline! Maria te l'a dit: Il ne faut jamais juré de rien...
La vie nous joue parfois de sales tours... Mais elle peut aussi nous réserver de bien belles surprises!
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Dominique de Jarvaux d'Arbois achève de ranger le contenu des derniers cartons qui encombrent encore la grande véranda, à l'arrière de la villa du 17, avenue des Pruniers bleus, à Waterloo, où Hubert et elle habitent depuis trois semaines, maintenant.
Épuisée, elle s'allonge sur un des deux canapés, en cuir blanc, dans l'immense pièce de séjour prolongée d'une piscine mi-intérieure, mi-extérieure.
Avec ce déménagement non planifié, elle n'a pas eu une minute à elle pour réfléchir sérieusement à ce qu'elle vient de faire: Abandonner sa seule fille!
Étendue sur le moelleux fauteuil, elle laisse vagabonder ses pensées...
J'ai choisi la meilleure solution... Je ne sais pas pourquoi Hubert a pris cette situation si tragiquement, mais il aurait fini par vraiment lui faire du mal, si je l'avais gardée avec moi!, tente-t' elle de se convaincre.
Elle revoit encore l' expression du visage d' Hubert, quand il a apprit la grossesse de sa fille: Je l'ai cru fou!
Depuis, il est redevenu l'homme froid, mais bien élevé, d'avant cette maudite après-midi du 26 décembre...
Malgré le cruel sacrifice qu'il a exigé d'elle, Dominique aime toujours passionnément son Hubert... Au point de ne pouvoir envisager, une seule seconde, de vivre sans lui!
Après tout, le sort de Coraline n'est si terrible que cela! Elle se trouve en un lieu paradisiaque, va apprendre un métier sérieux et ne se trouvera pas démunie à sa sortie du centre. Que lui souhaiter de mieux? C'est cela...ou la rue!
Pour elle aussi, désormais, le «cas Coraline» est classé, rangé, terminé!
Que sa fille puisse en être malheureuse ne lui effleure même pas l'esprit...
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Au dernier étage de l' immeuble abritant le siège social de ses industries, Hubert de Jarvaux d'Arbois, installé dans un profond fauteuil, les pieds posés sur son bureau directorial, ressasse des idées moroses, tout en contemplant distraitement le parc boisé qui l'entoure au travers d'un des murs translucides fermant trois côtés de la pièce.
Ses pensées le ramènent à ce vingt-six décembre...
Cinq cent millions!, pense-t' il. Cette petite s... m'a fait perdre cinq cent millions! Si seulement elle avait épousé le fils de Norbert, comme je l'avais prévu... Tout son capital serait déjà dans mes entreprises... Au lieu de cela, cette petite garce va me coûter «un pont» jusqu'à sa majorité... Et pour ne rien me rapporter, en plus! Quoique... Dominique a encore pas mal de « blé »! Avec un peu de chance, j'arriverai bien à le détourner...
Elle aurait mieux fait de ne jamais naître! Elle ne m'aurait rien coûté!, se dit-il encore. Mais elle me le paiera... Je perds une fortune... Mais elle perdra plus encore! Je l'écraserai comme une punaise!
-Oui, je l'écraserai! Mais de loin ! Sans avoir l'air d'y toucher!, dit-il brutalement, à haute voix, en abattant violemment le plat de sa main sur le plan de travail du bureau. Si je daigne la laisser un jour revenir, ce sera à mes conditions! Elle devra ramper et me supplier de lui pardonner! Elle est encore loin d'en avoir fini avec moi! Je vais la briser...Tant physiquement que moralement!
Un plan machiavélique vient de faire jour dans son esprit perturbé...
Je suis génial!, se dit-il. Je vais non seulement écraser ma «chère fille», mais de plus je vais me renflouer malgré elle... Et grâce à elle! Il me suffit juste d'être patient quelques années, c'est tout!
Il éclate alors d'un rire dément...
Trop d'argent rend fou, paraît-il. A preuve...
****
Janvier 2000...
Mon garage tourne à plein régime...
J'ai dû engager un second carrossier tant le travail afflue.
J'ai eu une inquiétude quand, au milieu de l'année passée, la régie des routes a fermé pendant quelques mois la chaussée où mes ateliers sont situés pour procéder à un nécessaire élargissement... Mais, fort heureusement, cela n'a eu aucune influence sur ma clientèle! Au contraire...
Me doutant que cette nationale, droite et lisse comme un billard désormais, allait attirer pas mal de nouveaux automobilistes, j'en ai profité pour installer, devant le garage, un poste à essence self-service.
Investissement lourd, mais d'un très bon rendement!
J'envisage sérieusement d' ajouter une supérette à l'ensemble l'année prochaine...
Oui, je sais: Tout le monde le fait! Mais ici, à Pont, c'est vraiment nécessaire: Mis à part le magasin de Léon, sur la place, à trois kilomètres, il n'y a rien!
Dans la foulée, je me suis aussi doté d' un camion-plateau de dépannage, un gros Mercedes, acheté pour une croûte de pain sur une vente de faillite...
Cela sert toujours, un engin pareil!
Lundi cinq janvier, alors que vaquons tous à nos habituelles occupations, retentit un:
-Nom de D... de nom de D... de nom de D...!, sonore.
Cette fine et délicate expression pleine de poésie provient en droite ligne de la carrosserie!
Appréhendant un drame -à tout le moins un accident-, je me dirige dare-dare -comme disent les abeilles, évidemment- vers les lieux et y découvre Jean-Marc, un brave homme de quarante cinq ans environ, mon premier carrossier et ami, rouge comme un coq, en proie à une colère noire! (Remarquez: Vous pouvez toujours changer les couleurs si l'assortiment ne vous convient pas! La maison ne recule devant aucun sacrifice pour vous plaire et nous en avons d'autres en stock!)
-Ce n'est pas possible!, fulmine-t' il. Regarde: J'ai commandé une portière droite pour la voiture de Monsieur Lambert... Ils m'en ont livré une gauche, ces abrutis de chez ... ! Qu'est-ce que je vais faire, moi? La voiture est là, démontée... Et je suis bloqué!
-Du calme!, fais-je, conciliant. Le téléphone... Tu connais? Je les appelle et ils vont réparer leur erreur, vite fait! C'est tout!
-'Pas de quoi en faire un infar..., ajoute-je, en souriant!
-Oui, tu as raison!, me concède-t' il, un peu calmé. Mais c'est toujours la même chose avec eux: tu leur commandes une chose et on dirait qu'ils éprouvent un malin plaisir à te livrer le contraire! C'est pourtant une chaîne d'accessoiristes automobiles réputée.
-'Me demande bien comment ils ont bâtis leur bonne réputation, ceux-là!, maugrée-t'il encore.
Cela a l'air tout simple, comme cela, de faire changer une portière gauche en portière droite... Mais non! Mon fournisseur me dit qu'il n'a que celle-là et que les nouvelles commandes n'arriveront qu'en février... Au plus tôt!
Je dois bien comprendre qu'ils n'en peuvent rien... Que ces pièces arrivent de Corée... Que...
-Bref!, le coupe-je sèchement. Que me proposez-vous?
-Moi, je ne peux pas dire à mon client que sa voiture est bloquée jusqu'en février... Ma réputation est en jeu... Et la vôtre aussi!, ajoute-je, perfide.
A l'autre bout du téléphone, mon interlocuteur réfléchit un bref instant et propose de me rappeler dans les cinq minutes qui suivent... Le temps de vérifier une petite chose...
Les mimiques que m'adresse Jean-Marc, assis à mon côté, me démontre, si besoin était, combien il est sceptique sur l'éventualité d'un rappel quelconque!
Il a tort! Cinq minutes ne se sont pas encore écoulées que j'ai à nouveau le fournisseur en ligne.
-J'ai peut-être une solution! J'ai trouvé une autre portière, du côté qui vous intéresse, mais...
-Mais?
-... Elle se trouve à Braine-l'Alleud, dans une de nos succursales, à une petite centaine de kilomètres de chez vous. Je peux la faire chercher par un coursier et vous la faire livrer demain, en fin d'après-midi, si vous voulez...
-Demain, fin d'après-midi?, fais-je à Jean-Marc, en posant une main sur le micro de téléphone.
Celui-ci frôle l'apoplexie...
-Je ne peux pas attendre si longtemps, gémit-il. Tout mon atelier est bloqué! Si j'avais eu la bonne portière, je serai occupé à la peindre, actuellement. La voiture aurait été terminée demain matin...
-OK! Je la prends!, décide-je. Donnez-moi l'adresse; je vais aller la chercher moi-même: Cela ira plus vite!
J'ai beau avoir fait un grand bond sur l'échelle sociale ces dernières années, je n'ai rien changé à mon train de vie. Je ne sors toujours pas, habite toujours chez mes parents et roule toujours avec ma Renault 5 TS, rouge. Elle frôle les vingt-trois ans, n'est plus très fringante, mais pour le peu de déplacement que j' effectue: Elle fait parfaitement l'affaire!
Je prend note de l'adresse, 28, rue de l' Essor, à côté du garage Lebeau, à Braine-l'Alleud, et me met en route immédiatement.
Les nonante-quatre kilomètres qui me séparent de Braine sont vite avalés: C'est qu' elle « tricote » encore, ma vieille Titine.
Ah, voilà! Le garage Lebeau... et le magasin d'accessoires. C'est ici!
C'est quand je me gare le long du trottoir que cela se corse, comme dirait Napoléon!
Ma fidèle 5 décide qu'elle a terminé sa part de travail!
Elle a un hoquet, les lumières du tableau de bord s'allument et le moteur s'arrête.
Un peu de fumée blanche s'échappe du capot moteur, à l'avant.
Je n'ai même pas besoin de le soulever pour comprendre que mon joint de culasse -et, par la même occasion, tout le «moulin»- vient de rendre l'âme!
La situation, qui pourtant ne s'y prête pas, me fait sourire quand même.
En panne! Moi, le patron des Ateliers de Pierre! Je suis en panne, avec ma propre voiture et à cent kilomètres de chez moi, en plus! C'est un comble!
Je sors de mon auto qui n'est, pour le moins, plus mobile et m'apprête à la pousser le long du trottoir, quand un ouvrier du garage Lebeau, qui m'observait depuis la piste de la pompe à essence, s'approche de moi.
-Un problème, Monsieur?, demande-t' il, gentiment.
Je m'apprête, sans même le regarder, à lui répondre que non, que tout va très bien, Madame la Marquise! Que très souvent, quand je viens dans le quartier, je m'amuse à pousser ma voiture pour économiser le carburant et faire un peu d'exercice quand, quelque chose dans le ton de sa voix, me semble familier.
Je me retourne et le dévisage, les yeux ronds, muet de surprise: Devant moi se tient Cédric! Mon vieux copain Cédric!
A mon air ahuri, celui-ci se fend d'un:
-Cela ne va pas, Monsieur?, inquiet.
-Cédric! Tu ne me reconnais pas?
A suivre
loudé Mallorca- Messages : 103
Date d'inscription : 16/12/2013
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Localisation : Waterloo. Belgique
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